Memphis Beat 01×01 : That’s All Right, Mama

Memphis Beat 01×01 : That’s All Right, Mama

Apporter une once de sang neuf dans un genre engorgé de créations multiples peut s’avérer être un sérieux casse-tête. Mais parfois, aux questions les plus complexes surgissent les réponses les plus simples. Et dans la série policière, elle s’incarne en un seul verbe : Délocaliser. La cartographie des shows policiers US s’opposent façon côte Ouest (Los Angeles), côte Est (New-York). On pourra aussi faire quelques détours par Baltimore, Miami ou Chicago. A la mi-saison, Justified posait ses valises dans le Kentucky. Comme son nom l’indique, Memphis Beat décide de planter son décor à Memphis, Tennessee. Pays du King, berceau du blues.

La ville comme personnage principal, générateur d’ambiance ou teinte naturelle de la série. Ici, c’est Elvis Presley qui hante ce pilot (Memphis oblige). D’une poignée de clones, squattant les marches du commissariat, à Dwight Hendricks (Jason Lee, My Name Is Earl, sans moustache), inspecteur et fan du King (son appartement est tapissé de reproductions diverses, il se produit dans un bar en reprenant ses chansons). La série développe ainsi une identité singulière. Un peu décalé, par ses personnages ou son rythme lent. Par sa gestion de l’enquête, qui ne suit aucune logique réelle (du moins, équivalente aux codes très structurés établis depuis le début des années 2000), et impose une dimension anachronique. Comme un show (une ville) coupé(e) du temps.

Bien sûr, cette personnalité s’accompagne d’un bagage classique du récit policier à la télévision. De l’antagonisme de principe entre la nouvelle lieutenant et Hendricks, dont la redondance encombre le charme naturel du pilot, aux passages obligés (interrogatoires,…). Seule la nature de l’enquête offre un éclairage intéressant à la série, parce qu’elle permet de creuser le profil psychologique de Dwight. Personne âgée maltraitée, vieille gloire locale, un fait divers sordide qui montre combien le policier semble être attaché aux valeurs fondamentales : la famille et le respect de ses ainés. Une pose que beaucoup s’empresserait de qualifier de réactionnaire. Or ici, il ne s’agit pas de glorifier la sacralité de la famille ou du passé avec la nostalgie d’une époque révolue que l’on souhaiterait retrouver. Mais au contraire, et avec un parfum anachronique, de mettre en scène ces valeurs sans autres ornements que ceux du bon sens. Seul l’effet peut paraître appuyer, lorsque Dwight, peut-être encore fils à maman, s’occupe avec insistance de sa mère. Un décalage aux vertus comiques un peu bancales.

Memphis Beat, de par sa localisation connotée et sa narration, cherche, dans l’absolue, à générer sa propre identité. Avec ce pilot, elle parvient à réaliser la moitié du chemin : on se souvient d’elle, autant pour le résultat que pour la tentative un peu désespérée. Une série qui cherche encore trop à essayer d’être. Il lui faudra lâcher du lest. Alourdi ainsi par les intentions peut vite l’entraîner dans les bas-fonds et asphyxier le spectateur. En l’état, elle demeure un objet curieux au charme envoutant. Une œuvre pittoresque au folklore chargé d’un passé musical délicieux qu’elle exploite avec juste ce qu’il faut pour enivrer l’épisode.

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