Les saisons se suivent et ont fini par changer la nature de la série. Du soap revisité qui invoquait grande saga à l’échelle d’une rue, transformait son public en voisin curieux caché derrière son rideau, espérant découvrir des cadavres planqués dans les placards, le show s’est transformé en objet informe. Toujours soap dans sa démarche, mais dont la portée symbolique navigue entre tentative de s’inscrire dans les mémoires comme une « grosse œuvre », mais reste cloitré dans sa dimension domestique. Manque d’emphase dans les intrigues, manque d’une vraie figure négative persistante. Dallas avait J.R. Celui que l’on ne présente plus et qui synthétise les forces et faiblesses du célèbre show. Dans ce season premiere, Marc Cherry décide de rappeler un ancien personnage, en espérant qu’il incarne à son tour, l’être malveillant dont on se rappellera.
Paul, de retour à Wisteria Lane, locataire de la maison de Susan. L’idée sur le papier sonne comme une mauvaise blague. Après réflexion, on hésite avec la démonstration d’une impuissance caractérisée. Symptômes : Convoquer de vieux personnages quasi oubliés donne rarement de bons résultats et sent le coup opportuniste ; déviation de l’intitulé initiale de la série.
Dans ses débuts, Desperate Housewives s’est toujours investit à révoquer les ingrédients principaux du soap. Une entreprise courageuse qui a su offrir un résultat au-delà des attentes. Seulement le temps faisant son œuvre, Marc Cherry s’est retrouvé pris à son propre piège. Et aujourd’hui, cela se traduit par une impression envahissante de visionner une vulgaire copie actualisée. Et ce n’est la réintroduction de Paul au sein du quartier qui risque de changer cet état. Au-delà de la fainéantise du procédé, on assiste à une tentative outrée de coller aux grandes gloires des soaps. Ce retour a toutes les propriétés du collage rapide et malhabile. Aucun travail réalisé sur une évolution du personnage (malgré les années passés), il réapparait dans sa forme maléfique, animé par un désir de vengeance primaire, qui se traduira certainement pas un complexe plan machiavélique. Un programme qui n’augure rien de bon, dans un contexte déjà pas glorieux.
Paul était un protagoniste intéressant. Une figure raisonnable qui bascula progressivement dans l’ « evil guy » le plus franc. Cherry organisa une « belle fin » pour l’homme, avec tout le sadisme cocasse qui pouvait caractériser son écriture (condamnation pour le seul crime qu’il n’avait pas commis). Son rappel aujourd’hui ne procure aucune excitation, tout juste un haussement de sourcil et de la consternation face à un auteur qui ne sait plus inventer. Dans une cinquième saison qui orchestrait un flash-forward intéressant, l’idée possèderait un fort potentiel. Dans une septième saison dont tout le monde se fout (excepté quelques résistants), ce retour n’a plus aucun intérêt, sinon conjuguer quelques vagues relents nostalgiques.
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