United States of Tara

United States of Tara

Certaines associations exercent un immédiat pouvoir de fascination. Steven Spielberg, que l’on ne présente plus. Et Cody Diablo, auteure du remarqué Juno. Du premier, on retient les thèmes que sont la cellule familiale, son fonctionnement, ses carences. De la seconde, on retient ses dialogues aiguisés comme des punch lines et une description de la jeunesse subversive dans le milieu américain moyen. Showtime est l’hôte de cette collaboration, dans un format de trente minutes, que la chaîne câblée affectionne (Weeds, Californication).

Tara souffre de troubles de la personnalité. Pas de schizophrénie, elle n’entend pas de voix dans sa tête. Elle incarne physiquement d’autres personnages : T. version délurée et trash d’une Tara de 16 ans enfermée dans un corps d’adulte ; Buck vétéran du Vietnam, macho passionné d’armes à feu ; Alice, desperate housewife sortie des sixties. La série pose alors le problème de cette maladie au quotidien. Comment elle affecte son mari, ses enfants, sa sœur ou son travail.

Le ton évolue entre comédie et drame. Il ne s’agit pas de minimiser la maladie mais de révéler son potentiel comique. Parce qu’il y a quelque chose de fondamentalement drôle à voir cette mère de famille se transformer en Buck, cigarette au lèvre et mater le cul des filles dans un langage plus que fleurie. Si chaque personnalité possède son propre code vestimentaire, Toni Collette parvient, par le jeu de son visage, à modifier son expression pour donner vie aux différentes incarnations. Les phases de transformation sont remarquables. Affaissement des lignes du visage, comme si tous ses muscles se décontractaient, puis, par un travail de remodelage, donner naissance au nouveau moi. Tara est un personnage rêvé pour toute actrice. Mais également un cadeau empoisonné. La série repose beaucoup sur son interprétation et ses capacités à doser son jeu. Toni Collette relève le défi haut la main, et voilà qui devrait (enfin) la révéler au grand public.

Une première et principale difficulté se pose : comment croire en l’existence de Tara avec toutes ses différences personnalités ? Il ne faut pas la noyer sous un déluge d’effets et transformations. Pour mieux ressentir son trouble et ses conséquences, les scénaristes doivent soigner la personnalité « hôte ». Les deux ou trois premiers épisodes nous confirment cette appréhension. Présentation des différentes personnalités, leur interaction sur l’univers de la famille (à la maison, l’école), mais de Tara, une seule petite introduction face caméscope sur sa difficulté à élever ses enfants et quelques apparitions trop succinctes. On peine à se sentir concerné et éprouver de l’empathie pour cette famille. Un tic d’écriture qui fonctionnait pour Juno et qui s’accorde mal avec le contexte. Il ne faudrait pas que le show au pitch original rejoigne le cimetière de ces séries au réel potentiel qui n’ont su transformer l’essai.

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