Drive Saison 01, Accident de la route

Drive Saison 01, Accident de la route

L’association Tim Minear et Nathan Fillion est maudite. Deux tentatives, deux annulations, injustes dans les deux cas. Tout d’abord Firefly, le bébé de Joss Whedon. Minear est coproducteur, Fillion personnage principal. Au bout d’une poignée d’épisodes, la Fox décide d’effacer la série de sa grille. Pour maigre consolation, on aura droit à un film en guise de clôture. Il faut croire que le mariage du western et de la science-fiction ne déplaçait pas les foules. Second échec, qui nous intéresse ici, Drive. Petite (par son ambition) mais efficace série d’action, que l’on appellerait série B au cinéma.

Drive raconte l’histoire d’une course illégale qui traverse les Etats-Unis. Le vainqueur remporte 32 millions de dollars. Si la plupart des participants sont volontaires, alléchés par l’appât du gain, le personnage de Nathan Fillion est projeté malgré lui dans cette course : il concourt pour sauver sa femme récemment enlevée.

Si l’histoire de cet homme, prêt à tout pour sauver sa femme, requiert l’attention principale, la série se joue en mode chorale. On dénombre une petite dizaine de personnages principaux. Tous d’horizons différents. D’une bande de copines, victimes de l’ouragan Katrina au couple père/fille en construction, de l‘ex-détenu fraîchement sorti de prison accompagné de son « nouveau » demi-frère, à la jeune maman. La série s’attarde sur chacun d’entre eux, leur donne une voix à écouter, de la place pour se développer. Ces personnages assurent à la fois un aspect humain plus conventionnel et permet d’aérer un récit limité à sa seule trame.

Drive ne brille pas par son inventivité. Elle exploite des thèmes connus, des situations exploitées, use des artifices propre au genre qu’elle aborde. On a droit aux longues séquences de poursuite. Plutôt bien réalisées. La technologie aujourd’hui permet de jouer astucieusement l’effet in & out de l’habitacle dans un même plan. Et ainsi conserver une visibilité totale associée à une dynamique convaincante. Sans surenchère, elles apportent l’impulsion nécessaire à un récit basé sur la rupture. Fuite en avant perpétuelle avec un nouveau check point en ligne de mire. Si la série met au premier plan ce sentiment de lutte contre le temps et l’espace, elle manque parfois de rigueur dans l’évolution de son action et sa narration. Jamais elle n’invoque une conception post-24 du temps réel ou de son adaptation libre comme dans Prison Break (1ère saison). Mais elle s’attarde sur des détails – pas inintéressants – qui nuisent à la plausibilité du récit. Elle s’exprime bien mieux quand il s’agit de replier l’espace pour faire tenir une distance dans une temporalité narrative condensée. A l’image d’un résumé de grand prix, où l’importance de l’évènement ne se situe pas dans la répétition ad nauseam des tours, mais dans l’exposition de faits succincts et marquants. Le show privilégie toujours l’action sur l’endurance.

Drive rejoint le cimetière des séries avortées. Sans avoir délivré toutes ses réponses, tout son potentiel. Si on ne lui donnait pas une espérance de vie à rallonge (anti-prison break), on pouvait espérer un meilleur sort. En l’état, elle demeure un programme agréable à regarder, qui semble convoquer ces séries 80’s/90’s avec une rigueur et un traitement 00’s (la série date de 2007). Un mariage que l’on retrouve dans Burn Notice (démystification de l’agent secret en une (re)lecture post-caméléon, le fun et le soleil de Miami en plus). On peut désormais retrouver Nathan Fillion en personnage principal de Castle. Formula cop show classique et sexy, qui, on l’espère, dépassera le stade de la (demie) saison.

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