Reaper

Reaper

Pour résumer Reaper en une phrase, on choisira celle-ci : Adaptation du mythe de Faust pour la CW. On y mentionne à la fois la vente d’une âme au diable et une tendance au jeunisme.

La CW est le résultat de la fusion de Time Warner et UPN en 2006. La politique de la chaîne est limpide : cibler les 18-34 ans. Un petit coup d’œil au catalogue 2008/2009 : 90210, Gossip Girl, Privileged, Smallville, Supernatural, One Tree Hill, Reaper. Et on aura droit à Vampire Diaries (histoire de surfer sur la vague Twilight) ou encore Melrose Place 2.0 (la paire Spelling au complet) la rentrée prochaine.

Sam Oliver découvre le jour de ses vingt et un ans que ses parents ont vendu son âme au diable (pour sa conception) et qu’il appartient désormais à ce dernier. Joyeux anniversaire. Il devra cumuler deux jobs : son boulot minable au Workbench (sorte de Leroy-Merlin) et traquer les âmes damnées échappées de l’enfer. Il est aidé dans sa quête par ses deux meilleurs amis (non échaudés par la nouvelle) Ben Gonzales, et Bert « Sock » Wysocki.

Si le pilot diffusé le 25 septembre 2007 créa un petit buzz, ce n’est pas pour son sujet, ni même la présence de Ray Wise (Mr Palmer dans Twin Peaks) en diable, mais parce que la série invite Kevin Smith pour réaliser ce premier épisode. Petit raz-de-marée dans le geekuniverse. Le réalisateur des cultes Clercks, Dogma ou le scénariste de comics (Dardevil, Spider-man,…) pour le lancement du show est une des meilleures publicités possible. Le résultat sans être renversant atteint son objectif. Smith semble en terrain connu. Tout en décalage, entre parodie et second degré. Aidé par un trio de personnages principaux que l’on croirait sortis d’un film du réalisateur. Et si les effets spéciaux souffrent d’un budget limité, l’ensemble tient la route.

Dans la dynamique, Reaper est construit comme Chuck. Buy More contre Workbench. Espion contre chasseur d’âmes. Avec option patron tyrannique (dans deux genres différents) et romance impossible. Une recette qui permet d’appliquer un aspect feuilletonnant à la série avec une structure d’épisodes indépendants. Le show s’applique à utiliser un humour parodique direct, sans effet ou manipulation. La série use et abuse du comique de situation : placer ses héros pas très malins et habiles (ils n’auraient rien à envier aux Three Stooges) devant des dangers surnaturels. Le principal ressort étant l’utilisation d’un objet incongru (un aspirateur de table, un ballon de basket…) pour récupérer l’âme. L’effet fonctionne bien au début, mais affiche rapidement ses limites. La répétition du schéma finit par nuire à l’ensemble et l’on espère que la série rebondisse pour éviter de sombrer dans l’ennui (ce qu’elle parvient à effectuer dans la deuxième moitié de première saison).

Repear n’aura duré que deux saisons. Résultat d’une lassitude rapide, malgré des évolutions (tardives). Si Ray Wise en diable était parfait (son sourire et l’humour pince sans rire le rendait effrayant), si l’énergie de Sock (sorte de Barney Stinson qui n’aurait pas réussi) finissait par nous faire rire, le show de Tara Butters et Michele Fazekas (Law & Order : Special Unit Victim pour toutes les deux) a trop vite grillé ses cartouches. Pris au jeu du diable (la vanité) ? Concept efficace mais limité, souligné par une romance plan-plan fatiguant, le couperet est tombé logiquement. On peut éprouver quelques regrets, car la série a présenté un visage intéressant et des saillis d’humour dynamique. On sera surtout déçu que l’annonce tardive (la malédiction du show) de l’annulation n’ait permis d’écrire une vraie fin à la série.

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