In Plain Sight

In Plain Sight

Dans le genre policier typiquement américain, évoquons les marshals. Dépendant de l’United State Marshal Service (USMS) et dont le rôle consiste essentiellement à la protection des témoins, le transport de prisonniers fédéraux et la recherche et l’arrestation de fugitifs fédéraux (consulter fiche wikipedia pour plus d’informations). Leurs silhouettes peuplent les cop shows, en passage fugace le temps d’un épisode où ils symbolisent le conflit de service, la dissimulation d’informations (peu importe si c’est pour une bonne raison) et une forme de suprématie que leur position permet. Le marshal a toujours (ou presque) le mauvais rôle. Cette présence récurrente leur donne du poids dans l’inconscient collectif, mais aucune série (à l’exception de l’inconnue The Marshal, 1995, 2 saisons, 25 épisodes) ne leur avait donné le premier rôle.

In Plain Sight, créé par David Maples, met en scène un couple de marshal d’Albuquerque, spécialisé dans la protection de témoin. Du tribunal où il devra témoigner jusqu’à la création d’une toute nouvelle identité pour lui et sa famille. Articulé comme un formula show, la séquence pré-générique présente le cas de la semaine à son entrée dans le programme de protection des témoins. La suite de l’épisode se déroule de nos jours.

A l’annonce du sujet, on sent comme un souffle nouveau venu des cop shows. Nouveau contexte, autre métier. Si l’on retrouve des ingrédients propres au genre policier, le facteur « marshal » était suffisant pour piquer la curiosité. La première saison ne parvient toutefois pas à convaincre. Se tournant trop souvent vers la facilité, celui de cop show banal dont la caution initiale n’est que partiellement exploitée. Le showrunner juge bon d’épicer l’ensemble (fade, il est vrai) d’une lourde dose de drama familiale, qui trouve une réelle justification dans le season finale et une (bonne) résolution dans la seconde saison. Enquêtes trop classiques, insistance pataude sur la vie privée de l’héroïne Mary Shannon (mère alcoolique, sœur délinquante), In Plain Sight ne concrétise aucune des attentes espérées. Seul le couple Mary/Marshall fonctionne à l’écran.

Il faudra attendre la seconde saison pour voir la série justifier son contexte. Intrigues propres au métier de marshal, qui tentent d’utiliser tout le spectre offert par le sujet. On y gagne à la fois en densité et en intimisme. La vie de famille mouvementée des Shannon gagne aussi un traitement bien plus subtil et moins envahissant. Cette deuxième livraison gomme tous les défauts de la première saison. Et permet à la série de sortir d’un tout venant dispensable et d’affirmer sa singularité.

Le show s’articule autour du couple Mary Shannon/Marshall Mann (Mary McCormack/Fred Weller). Tous les deux forment une équipe originale, elle, en mode bully, lui, encyclopédie ambulante. Chacun éprouve un grand respect pour l’autre, mais évacue toute tension sexuelle. On évite ainsi le sempiternel créneau du couple sexualo-professionnel au profit d’une vraie relation sincère et amicale. Si Marshall incarne une forme de sagesse pure, toujours tempéré, Shannon représente une force brute, un caractère bien trempé voire mal dégrossi. Résultat d’une enfance traumatisée par son délinquant de père en cavale et par un présent où elle doit s’occuper de sa mère et sa sœur, aimants à problème. La présence d’une psychanalyste en début de saison deux permet d’ouvrir quelques portes explicatives quant à la psychologie de la jeune femme (et génère de savoureux moments). Le reste du casting régulier se compose de Jinx Shannon (Leslie Ann Warren), la mère, Brandy Shannon (Nichole Hiltz), la sœur, Raphael Ramirez (Cristian De La Fuerte), le petit ami et Stan McQueen (Paul Ben-Victor), le boss.

Il aura fallu une petite dizaine d’épisodes de rodage (la quasi intégralité de la première saison) pour que le show trouve enfin ses marques. Un départ laborieux, mais la persévérance du spectateur sera finalement récompensée. Arrivé au terme de sa seconde saison, la série d’USA Network enregistre d’excellents résultats (autour de 4 millions de moyenne) et s’offre le luxe d’une troisième saison pour l’été prochain. Espérons que le départ, en tant que showrunner, de David Maples ne dénature pas la réussite que constitue désormais In Plain Sight.

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