Série québécoise créée en 2001 par Stéphane Bourguignon (écrivain québécois, lauréat de plusieurs prix locaux), La Vie, la vie (avec la répétition) raconte l’existence d’un groupe d’amis trentenaires, dans leur vie professionnelle comme amoureuse. Vincent, apprenti scénariste et prototype du célibataire endurci (il vit dans un loft avec son chien). Simon et Marie, couple parfait. Lui travaille dans une boîte d’informatique, elle, est médiatrice. Claire, en quête du prince charmant et du grand amour, mais préférant l’adage du « vivre mal accompagnée, plutôt que vivre seule ». Et Jacques, grand frère de Marie, patron de café et homosexuel qui a du mal à se remettre de sa précédente histoire amoureuse.
Anti-soap américain, La Vie, la vie centre ses intrigues sur un noyau « réaliste avant tout ». Pas de dramas emphatiques, aucun squelette dans le placard. Des vies bien rangées, avec ses petites complications, ces micro-contrariétés, mais qui paraissent être la fin du monde. Une orientation ultra banale, pour un résultat qui ressemble autant à nos vies qu’à celle de notre voisin de pallier. Soulignée par une réalisation dynamique (en avance sur son temps), la série apporte un éclairage rassurant sur le soap et nos existences : La normalité est exploitable à l’écran.
Le show brasse ainsi un flot régulier d’interrogations existentielles : la place du travail dans le couple, la perspective d’avoir un enfant, la difficulté à rencontrer quelqu’un, s’épanouir dans son milieu professionnel, les relations parents/enfants, les non-dits, … Des situations que l’on a tous rencontré un jour ou que l’on sera amener à rencontrer. La Vie, la vie n’apporte aucune réponse nouvelle, se contente de justifier les choix de ses personnages en fonction de leur tempérament et du contexte. Et certains feront peut-être une erreur. La dynamique du groupe fonctionne très bien. On ressent une vraie alchimie. Toujours les uns pour les autres, ne manquant jamais une petite pique pour stigmatiser une bêtise. Entre rires et larmes. Les acteurs campent très bien ces personnages pas très épais, mais réalistes. Physiques communs, ni trop beaux, ni moches.
De ce côté-ci de l’Atlantique, il faut composer avec l’accent québécois. Pas très sexy, voire tue-l’amour, on ne peut s’empêcher d’y trouver une pointe de charme, malgré tout. On y trouve à la fois la touche d’exotisme dépaysant et les expressions locales entre rires et incompréhension. Mais c’est le seul fossé culturel qui peut nous séparer. Voilà le genre de programme que l’on pourrait réaliser en France. A l’opposé d’un Plus Belle La Vie qui navigue dans les eaux des soaps américains. Approche moderne dans la forme (inclus les petits effets dispensables) et traitement humble sur le fond. Où tout repose sur le duo écriture/interprétation. Un challenge aisé à atteindre et qui ne peut souffrir de l’excuse type « on n’a pas les moyens ».
Cette première saison s’achève sur une touche modeste. De ces petits changements ou résolutions qui sont énormes à l’échelle d’une (vraie) vie. A l’image d’une série qui n’a jamais cédé aux sirènes (conformistes) du spectaculaire. En espérant que sur la longueur, elle ne perde jamais de vue ses qualités et sa particularité.
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