Avec Curb Your Enthusiasm, la sitcom est entrée dans un nouvel âge. Fini les plateaux fermés qui donnait un aspect théâtre filmé. La sitcom descendait dans les rues, se voulait libérée de ces axes multi-caméra préfabriqués au profit d’une seule, portée à l’épaule. Curb Your Enthusiasm signifie également la création de la méta-sitcom. Quand la réalité rejoint la fiction pour une nouvelle fiction. Larry David, co-créateur de Seinfeld est le personnage principal de Curb, dans son propre rôle. Sorte de real-tv scénarisée. Mais au minimum, la plupart des dialogues étant improvisés. Personnages écrits contre acteurs jouant leur propre rôle, depuis maintenant neuf ans (et sept saisons), Curb Your Enthusiasm assume son rôle de vigie (enfantant des shows comme The Office UK – & US ou Arrested Development).
La septième saison brouille une nouvelle fois les frontières. En prenant le Reunion Show de Seinfeld en intrigue fil rouge de la saison, Larry David réalise le fantasme de nombreux fans avec un soupçon de perversité. Parce qu’il met en scène des raisons extra-professionnelles (reconquérir Sherry) et fustige la pratique (les Reunion Shows sont par définition pathétiques). Titiller le fan dans le sens du poil et lui mettre une petite tape sur la tête en lui disant « ne rêve pas ». Brillant et de mauvaise foi comme du Larry David. Si la gestion de ce fil rouge au sein de la saison affiche quelques écueils (notamment un aspect décousu – manque volontaire d’implication ?), il trouve grâce dans cet avant-dernier épisode (et probablement le season finale).
L’on parle de méta-sitcom lorsque l’on mentionne Curb Your Enthusiasm pour sa faculté à brouiller les pistes entre réalité et fiction. Où des gags ou situations de Seinfeld sont repris dans Curb, quand on sait que c’est le quotidien de Larry David ou Jerry Seinfeld qui a nourri la plupart des « histoires sur rien » de la fameuse sitcom. Pour mieux boucler la boucle comme art habile de la manipulation, on retrouve des éléments de Curb dans le Reunion Show. Où George s’affiche toujours plus comme le double de Larry (l’intrigue sur sa séparation, « tivo-guy » et voyage houleux en avion), quand l’ex-femme de ce dernier est également celle de Constanza. Comme un mouvement perpétuel, une ligne infinie, l’inspiration chez Larry David s’organise dans le chaos, où l’on ne sait plus trop qui est quoi. En attendant le season finale, on peut toujours théoriser à l’infinie sur les différentes couches de réalité(s) ou fiction(s) à l’intérieur de Curb et par extension (et a posteriori) dans Seinfeld. Ou voire poursuivre l’exercice sur Larry David himself…
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Joli texte concis qui dit bien ce qu’est, sinon la série, au moins cette saison. J’aime bien la confrontation imagée que tu utilises entre le poil caressé et la petite tape, c’est tout à fait ça.
Sinon, tu parles d’Arrested development… ça vaut le coup cette série? Je sais qu’il ne faut pas trop faire confiance mais sur imdb c’est mieux noté que curb… et seinfeld, avec plus de votants!
Merci.
Arrested Development, pour faire court, c’est la meilleure sitcom single camera des années 2000. Je la place même devant Curb Your Enthusiasm. C’est un objet moins théorique que l’œuvre de Larry David, mais plus fou, débridé et dynamique.