Mad Men 03×07 : Seven Twenty Three

Mad Men 03×07 : Seven Twenty Three

De toutes les facettes de Don, la plus évidente est son besoin, quasi élémentaire, de liberté. Celle d’incarner une nouvelle personnalité (par un changement d’identité). Celle qui apporte le pouvoir (au travail). Et si l’on peut voir dans le mariage une forme d’attachement indéfectible, sa conception très personnelle au rythme de ses maîtresses contredit en partie cette vérité. A ce stade, se voir attacher relèverait presque de la phobie. Alors quand un important accord (source de fierté) oblige Don a signé un contrat (par les clients comme Sterling Cooper), les doutes l’assaillent.

N’est-ce qu’une question de pouvoir, comme le prétend Don face à Betty ? L’homme, toujours aussi secret, a du mal à répondre aux assauts de sa femme, quand elle essaie de comprendre ses motivations. Surtout, il choisira la fuite quand la question du mariage (autre forme de contrat) surpassera celui du travail. Cette escapade est symptomatique de la psychologie complexe du personnage. Don, par ce refus du contrat, du lien contractuel, conserve ainsi une porte de sortie à sa disposition. Pouvoir se détacher à tout moment. Trouver dans la situation actuelle, un caractère provisoire. Une façon de s’extraire aux autres. Ce contrat (de seulement trois ans) ressemble alors à une cage. Une prison de luxe. C’est (peut-être) aussi  les limites d’un subterfuge (sa fausse identité). Le dialogue, tout en sous-entendu, avec Cooper est limpide à ce propos. De croire, finalement, que le pouvoir de Don au sein de Sterling Cooper, tout comme son nom, était illusoire, factice (ou du moins, seulement pratique).

L’épisode montre à quel point l’écriture de la série est d’une qualité rare. Possédant en permanence une grille de lecture aux entrées multiples. C’est dans le jeu des dialogues que la série tire toute sa richesse (et dans le jeu des acteurs, un formidable terreau). Outre l’excellent échange entre Cooper et Don, on peut noter le jeu entre la maîtresse de Sally, Miss Farell et Draper. Quand cette dernière n’est peut-être pas aussi ingénue que deux épisodes précédents le laissaient envisager. S’affichent les limites de la séduction d’un homme marié devant la lucidité de la jeune femme (conduisant à l’irritation de Don). Point de caractère qui conduira l’homme à rembarrer l’ambitieuse Peggy (et la pousser dans le lit de Duck ?).

De son côté, Betty entame une relation avec Henry (l’homme qui l’avait approché lors du mariage de Roger). Sous couvert d’œuvrer pour la collectivité (et la préservation de l’environnement, du moins, son sens esthétique), un dialogue se créé, d’une nature similaire avec celui du jeune jockey de la saison précédente. Une relation qui tait son nom (on sait la femme garante d’une morale qui deviendrait anachronique), mais qui va néanmoins contaminer Betty (la dormeuse victorienne dans un salon très moderne).

Enfin la question du Vietnam commence à occuper le background historique de la série, comme l’élection (et la lutte Nixon/JFK) dans la saison précédente. Peur d’être appelé chez les jeunes, conduisant à trouver des palliatifs (comme ce couple, cherchant à se marier). Synonyme d’un vent de contestation qui se lève. A se demander si ce nouveau contexte, l’imminence du conflit, de la guerre, ne joue pas sur le caractère de Don, et sa peur du lien, du contrat, de l’entrave. Le titre de l’épisode correspond à la date inscrit sur le contrat lors de la signature : 7/23/1963. Dans quelques mois, John Fitzgerald Kennedy trouvera la mort à Dallas. On se demande comment (et si) la série va traiter ce point important de l’histoire américaine.

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