Spartacus : Blood and Sand 01×01 : The Red Serpent

Spartacus : Blood and Sand 01×01 : The Red Serpent

Et si Gladiator avait été réalisé par Zack Snyder ? Raconter Spartacus : Blood and Sand, c’est partir de ce postulat hypothétique. Le film de gladiateurs à l’ère numérique. Digestion vidéoludique d’un classique du cinéma. Que l’on retrouverait à la télévision. A défaut d’être une œuvre transmédia, on peut voir dans la dernière création de la chaîné câblée Starz, la porosité des média. Quand il s’agit de composer une œuvre, par l’assemblage de multiples supports (et les caractéristiques qui vont avec).

L’histoire est déjà connue : un jeune thracien va être obligé de déserter pour protéger sa femme. Il sera rattrapé par les légions romaines et forcer à combattre dans l’arène. Ce pilot raconte ce point de départ. Montage elliptique, en flash-back. Comme autant de vignettes que l’on pourrait voir comme des cinématiques. Tout l’intérêt de Spartacus réside dans ce choix formel : coller au ton numérique, avec l’envie de créer des tableaux virtuels, et jouer avec la notion de recréation numérique. Il ne s’agit plus de reproduire la réalité, mais de baigner la série dans une ambiance particulière. Quand du faux, jaillit une sorte de poésie naïve, aux goûts pour le moins douteux.

Le résultat est fascinant. Quand le procédé, moderne, se transforme par moment en archaïsme. Fondus enchaînés que l’on n’oserait même pas employer pour monter ses films de vacances, cadrages embarrassants, la réalisation multiplie les choix aberrants. On est dans une démarche proche de l’illustration animée. Image figée, accompagnée d’une gerbe de sang colorant l’écran d’une couche écarlate conclut cette ode au mauvais goût. La série possède une identité visuelle indéniable. On ne la retiendra pas pour de bonnes raisons, mais son existence inscrit néanmoins la série parmi les curiosités.

Car le show a besoins de cette particularité. De son histoire déjà vue au cinéma, elle ne propose, dans ce pilot, aucune nouveauté. Jamais elle ne s’écarte du chemin tracé par ses prédécesseurs. Au contraire, elle va même s’appuyer sur les films (Spartacus de Kubrick, Gladiator de Scott) pour ne pas développer ses personnages et établir une intrigue linéaire. A ce titre, le scénario est d’une pauvreté affligeante, qui donne au show un caractère vain, inutile, dispensable. Seulement la réalisation, la photo, ne risquent pas de faire l’unanimité (comme 300 de Snyder à sa sortie). Et si les scénaristes ne proposent pas une intrigue retravaillée, on doute des réussites critiques et artistiques.

Spartacus : Blood and Sand mise beaucoup sur son formalisme. Essayant d’attirer un public vaste et jeune, rompu au look lisse des jeux vidéo. Cette approche, au léger goût opportuniste, ne possède aucun fond. Il n’y a aucune réflexion autour du procédé. Juste un bête agencement d’images, de compositions iconiques ridicules des plans et un copieux appétit pour le sang numérique. L’artificialité du résultat saute aux yeux, mais le réalisateur comme les producteurs, ne justifient jamais leur choix. On emprunte un style (jusqu’aux ralentis, arrêts sur image, accélérations), sans digestion, sans analyse sur ce qu’une adaptation du mythe dans le format étiré de la série tv au look lisse du numérique, peut apporter. Il faudra attendre les prochains épisodes pour confirmer ou non cette impression de copier/coller. Et de voir ce que l’imagerie factice aux map ppainting grotesques pourra dégager.

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  1. Spartacus – Blood and Sand, le trailer