L’article contient des révélations importantes sur la seconde de Private Practice.
Shonda Rhimes aurait-elle des problèmes à régler avec sa mère ? De Grey’s Anatomy à Private Practice, on peut recenser quelques exemples, au point de relever une certaine récurrence.
C’est le principal complexe de l’héroïne et ce qui a fournit de nombreuses justifications dans ses atermoiements amoureux. Meredith a été élevée par une mère qui a toujours vu son travail comme source principale d’excitation et de satisfaction. Mal récurrent (semble-t-il) des grands chirurgiens, abonné au complexe de dieu. Mère absente, père parti, la psychologie de Meredith est bâtie sur ce disfonctionnement familiale. Pendant deux ou trois saisons, la mère incarnera la source de tous les maux, avant que son père ne prenne le relais (abandon, remariage et alcoolisme).
Toujours dans Grey’s Anatomy, on pourrait relever la matriarche Yang et son obsession des valeurs culturelles identitaires ou encore la mère d’Izzie, forcée d’élever sa fille dans un trailer park. Le cas de Miranda Bailey est plus nuancé. La jeune femme ne souhaite pas choisir entre sa carrière et son fils (mais elle aura sacrifié son mariage, voilà une raison de la blâmer pour son foyer brisé), cependant, la série ne manque pas de révéler un certain abandon (bien conscient) de sa fibre maternel au profit de l’hôpital ou des patients. Il n’existerait pas de parent chirurgien idéal ?
Dans Private Practice, c’est encore plus flagrant. Importante storyline de la saison, le trauma de Violet. On assiste tout simplement à l’abandon d’une mère, qui voit dans son enfant le reflet de sa peur et de son agression. On peut comprendre les répercussions psychologiques d’un tel drame et le transfert vers son bébé. Mais le traitement opéré par Rhimes impose une forme de détachement salutaire. Comme si le fait de confier la garde exclusive du bébé à Peter, son père, réglerait tous les problèmes. On assiste alors à un statu quo durant plusieurs épisodes, où Violet évacue totalement l’idée d’être mère et d’avoir une responsabilité. On se doute un peu qu’un happy end se profile à l’horizon, mettant un terme à cette histoire. Mais le fait de durer aussi longtemps (au point de s’en désintéresser ou presque) ne semble pas si innocent. Ou du moins, reste prétexte à interrogation.
Second exemple, la réaction de Naomi à l’annonce de sa fille de quinze ans, enceinte. Fuite, aucune volonté de discuter de la situation (avec son ex mari comme avec sa fille), intériorisation de tous sentiments. Pour finalement laisser s’échapper la colère et forcer sa fille à avoir un avortement (ce qui est contre ses principes, Naomi étant anti-IVG). Sous couvert de protéger sa fille, n’est ce pas elle qu’elle tente de préserver et son image public de mère ? Il existerait l’impression d’une éducation ratée (surtout pour deux parents médecins, dont une, spécialisée dans la fécondation) d’avoir une grossesse adolescente.
On ne va pas sortir les livres de psychologie pour analyser ce qui pourrait s’apparenter à une forme d’Oedipe, au risque de verser dans la vulgarisation de comptoir. Mais cette récurrence, ce motif qui revient sous une forme ou une autre, entretient chez le spectateur une réflexion interrogatrice sur la position de la mère dans l’œuvre de Shonda Rhimes. Source de tous les maux, irresponsabilité, élément déclencheur de faiblesses psychologiques, la mère incarne cette figure indispensable dans l’éducation des enfants, où chaque erreur se paye au prix fort. Abandon, désaffection face à un travail trop compliqué, trop fatiguant. Rhimes pointe les faiblesses de l’être humain, en s’attaquant à la victime la plus évidente (et sujet à conséquence). Sans oublier l’outil dramatique en puissance que constitue la rivalité mère/fille. Un thème indispensable à tout bon soap qui se respecte. Surtout dans un show à dominance féminine.
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