Le ou les meurtres inspirés par un roman policier ou d’horreur restent un grand classique. Souvenirs émus et humides d’un Basic Instinct avec une Sharon Stone vénéneuse. Verhoeven savait manier l’art de la perversion créatrice, même si son film marquait davantage pour ses scènes érotiques que sa révélation. C’est le point de départ de Castle. Un King-like (Richard Castle) spécialisé dans le roman policier voit son œuvre réalisée dans la vraie-vie. Et ce sera le seul rapport avec Basic Instinct.
Castle repose sur le fantasme de l’écrivain de roman policier : pouvoir mettre ses recettes en application sur le terrain. S’inviter jusque dans la police elle-même. Et résoudre les crimes comme on écrit un roman. Un cadeau offert par le maire de New-York himself, disponible en speed dial dans le nouveau sésame technologique, le téléphone portable (de Castle). Le show repose sur l’antagonisme policier/écrivain, en rejouant l’énième tension sentimentalo-sexuelle du couple de télévision homme/femme.
Ce qui sauve Castle de figurer parmi les mauvaises idées du genre policier (Numbers, Blind Justice, The Listener,…), c’est une prédisposition pour l’humour, le second degré. Ne pas vouloir trop se prendre au sérieux. Cette volonté s’incarne dans le choix de l’acteur, Nathan Fillion. Si le grand public le connait en mari coincé de Katherine dans la saison 04 de Desperate Housewives, il vaut mieux chercher du côté de Malcom Reynolds de Firefly pour se donner une idée du personnage. L’acteur y rejoue l’arrogance et l’espièglerie dans une version plus adoucie. La célébrité, sûre d’elle, fascinée par sa popularité. Mais avec ce sourire charmeur qui évite toute forme d’antipathie.
Le show n’a pas volonté à renouveler le genre. Les enquêtes policières sont très (trop) classiques. Et manquent d’originalité et d’imagination. On peut trouver une (bonne) raison à cet état : c’est dans le classicisme que s’exprimera le mieux les théories de l’écrivain. Tout l’intérêt de la série, c’est de voir Castle résoudre des crimes, en prenant comme base sa propre imagination. Sorte de mise en abîme de son travail. L’aspect basique des intrigues se marie bien avec les théories fantasques de Castle, et s’affinent au fur et à mesure des découvertes et interrogatoires.
On appréciera Castle comme un pur produit de consommation. Sans exigence, sans ambition sinon d’offrir un spectacle agréable et fun. Où l’on blague au dessus d’un cadavre sur une scène de crime. La série « copain », avec qui on aime bien traîner. Cette partition a été joué de très nombreuses fois, on y reconnait des éléments pris à droite à gauche (sans revenir sur le binôme principal, il y a la relation Castle et sa fille sortie tout droit de Gilmore Girls,…), mais le tout est emballé avec suffisamment de professionnalisme pour rendre le produit plaisant. Dans le même esprit, on pensera à The Mentalist. La série surprise de cette saison 2008/2009 (troisième place au classement général des audiences US, un véritable exploit). Même façon d’organiser la série policière en pur spectacle d’entertainment (on reconnaîtra d’autres qualités à Mentalist qui surclasse de ce fait Castle).
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