Medium

Medium

Créé par Glenn Gordon Caron (Clair de Lune, Now and Again) et inspiré d’une histoire vraie, où une jeune femme au don médiumnique travailla avec la police de Phoenix (Arizona), Medium raconte l’histoire d’Allison Dubois, qui tente de concilier ses pouvoirs au service de la justice et sa vie de famille.

De son générique jusqu’à son traitement, on retrouve une foi dans une forme traditionnelle de la série fantastique. Résultat, par la force des choses, un peu désuet, mais au charme envoutant. Très structuré, composition calquée d’un épisode à l’autre, le show offre un traitement doux dans sa veine fantastique à coup de demandes d’aide d’outre-tombe et de songes prémonitoires hantés. Les intrigues policières, classiques, ne présentent pas un suspens remarquable, où le suspect le plus évident est souvent le coupable. Mais il se dégage de l’ensemble un vrai respect des règles (la trinité immuable introduction/développement/résolution) et un caractère vintage, comme une version un peu moderne des classiques du genre Twilight Zone ou Outer Limits (sans l’aspect anthologique au fantastique pluriel).

La pointe de modernité de la série se situe dans le développement « soapien » de la vie familiale des Dubois. Et transforme ce qui avait tout du formula show en une série feuilletonnante. Au point d’encrer le fantastique dans une vision très réaliste et lui donner un aspect purement pragmatique. Il ne s’agit pas de traiter le don d’Allison de façon héroïque (genre sauveur du monde), mais d’observer cette caractéristique extraordinaire au quotidien. Et de voir dans cette situation, une démarche à la fois plus originale et intéressante que la dimension policière. Sans toutefois devenir unique élément à conserver. La réelle qualité de Medium réside dans la somme de ses parties.

En apparence (et un peu au-delà) le show possède une vision très conservatrice. La famille Dubois très wasp (le couple et leurs trois enfants, vie de famille parfaite) et la notion de justice expéditive (Allison mentionne à plusieurs reprises ses convictions pro-peine de mort, et pour le district attorney Manuel Devalos – son boss – un bon coupable est un coupable mort – pensée à peine schématisée). On échappe à la caricature complète dans le basculement du pouvoir central de l’ex-famille type. Dans l’organisation familiale, les rôles sont inversés. On découvre un Joe Dubois en office maternel et Allison en workaholic. Contrepied à la pensée réac et présentation d’une femme active, indépendante financièrement, mais toutefois présente pour son mari et ses enfants (archétype de la femme moderne).

Cette soudaine radicalité dans la forme et le fond ne ressemble guère aux précédents travaux de Caron. On se souvient des débordements surréalistes de Clair de Lune, poussés dans des mises en abyme au second degré hilarant, ou la plus confidentielle Now and Again (Un agent très secret en vf), qui déclinait le mythe de l’homme bionique sur un mode dramatique et intimiste (seule trace que l’on retrouve dans Medium). Echaudé par l’insuccès de sa précédente série, le showrunner s’est peut-être tourné vers une création plus conformiste, capable de plaire au plus grand nombre. On perd en originalité et le caractère imprévisible finit par manquer. Le show s’est établi dans une routine au profil sûr, mais dont la répétition ne joue pas en sa faveur. Dans la rengaine, les carences deviennent de plus en plus flagrantes (enquêtes policières convenues) et soulignent une ambition à la traîne qui ne justifie pas des saisons d’une vingtaine d’épisodes. L’aspect soap et la croissance timide sur le long terme ne suffisent pas à remplir un tel volume.

Le professionnalisme de Caron et un casting parfait permettent au show de pallier l’insuffisance narrative de scripts paresseux. Dans le rôle d’Allison, on retrouve Patricia Arquette. Habituée au cinéma (True Romance, Stigmata, A Tombeau Ouvert), elle retrouve une seconde jeunesse dans Medium. Elle délivre une interprétation juste en mère de famille dépassée par un pouvoir envahissant, dont elle souhaiterait parfois se défaire. Son mari, Joe Dubois, est campé par Jake Weber (Meet Joe Black, Dawn of the Dead – le remake). L’homme détesté par la gente masculine, tant il présente un idéal féminin dans son comportement. Toujours serviable et à l’écoute de sa femme, il est la voix de la raison. Autour de ces deux figures fortes, qui portent toute la dynamique de la série, gravite le district attorney Manuel Devalos (Miguel Sandoval, visage familier des sériphiles, Alias, X-Files, West Wing, ER…), l’inspecteur Lee Scanlon (le fade David Cubitt, Traders, Robbery Homicide Division) et les trois enfants de la famille Dubois : Ariel (Sophia Vassilieva), Bridgette (Maria Lark) et Marie (Miranda Carabello). Ces personnages forment un noyau dur important, où vont se décliner des intrigues familiales quotidiennes à l’importance moindre mais pourtant indispensables. Où vont entrer en collision les questions d’héritage maternel (le fantastique) et des considérations pratique liées à l’éducation des enfants et leur croissance. Certains épisodes mettront ces enfants en avant et leur difficulté à gérer le don médiumnique sous de multiples formes.

Le show se savoure comme un spectacle anachronique. Jamais en phase avec son époque (si ce n’est son aspect soap), mais qui se perpétue d’année en année. Medium, de par son rythme et sa nature limitée, peut éprouver le spectateur, mais s’échappent, à chaque saison, des arcs ambitieux qui rompent avec la routine. C’est dans la cinquième saison que l’on retrouvera les meilleurs exemples avec des intrigues construites sur deux ou trois épisodes et n’hésitant pas à jouer avec des éléments que l’on pensait comme acquis. On peut néanmoins regretter la timidité de certaines évolutions, se rattachant au schéma du show avec précipitation. Medium est devenue, au fil du temps, une série aussi suivie que décriée par de nombreux détracteurs, jugeant sa répétitivité condamnable. C’est voir qu’une partie du tableau, mais l’on ne peut pas omettre ces problèmes de rythme et d’épisodes prétexte au remplissage saisonnier qui ternissent le portrait final.

C

réé par Glenn Gordon Caron (Clair de Lune, Now and Again) et inspiré d’une histoire vraie, où une jeune femme au don médiumnique travailla avec la police de Phoenix (Arizona), Medium raconte l’histoire d’Allison Dubois, qui tente de concilier ses pouvoirs au service de la justice et sa vie de famille.

De son générique jusqu’à son traitement, on retrouve une foi dans une forme traditionnelle de la série fantastique. Résultat, par la force des choses, un peu désuet, mais au charme envoutant. Très structuré, composition calquée d’un épisode à l’autre, le show offre un traitement doux dans sa veine fantastique à coup de demandes d’aide d’outre-tombe et de songes prémonitoires hantés. Les intrigues policières, classiques, ne présentent pas un suspens remarquable, où le suspect le plus évident est souvent le coupable. Mais il se dégage de l’ensemble un vrai respect des règles (la trinité immuable introduction/développement/résolution) et un caractère vintage, comme une version un peu moderne des classiques du genre Twilight Zone ou Outer Limits (sans l’aspect anthologique au fantastique pluriel).

La pointe de modernité de la série se situe dans le développement « soapien » de la vie familiale des Dubois. Et transforme ce qui avait tout du formula show en une série feuilletonnante. Au point d’encrer le fantastique dans une vision très réaliste et lui donner un aspect purement pragmatique. Il ne s’agit pas de traiter le don d’Allison de façon héroïque (genre sauveur du monde), mais d’observer cette caractéristique extraordinaire au quotidien. Et de voir dans cette situation, une démarche à la fois plus originale et intéressante que la dimension policière. Sans toutefois devenir unique élément à conserver. La réelle qualité de Medium réside dans la somme de ses parties.

En apparence (et un peu au-delà) le show possède une vision très conservatrice. La famille Dubois très wasp (le couple et leurs trois enfants, vie de famille parfaite) et la notion de justice expéditive (Allison mentionne à plusieurs reprises ses convictions pro-peine de mort, et pour le district attorney Manuel Devalos – son boss – un bon coupable est un coupable mort – pensée à peine schématisée). On échappe à la caricature complète dans le basculement du pouvoir central de l’ex-famille type. Dans l’organisation familiale, les rôles sont inversés. On découvre un Joe Dubois en office maternel et Allison en workaholic. Contrepied à la pensée réac et présentation d’une femme active, indépendante financièrement, mais toutefois présente pour son mari et ses enfants (archétype de la femme moderne).

Cette soudaine radicalité dans la forme et le fond ne ressemble guère aux précédents travaux de Caron. On se souvient des débordements surréalistes de Clair de Lune, poussés dans des mises en abyme au second degré hilarant, ou la plus confidentielle Now and Again (Un agent très secret en vf), qui déclinait le mythe de l’homme bionique sur un mode dramatique et intimiste (seule trace que l’on retrouve dans Medium). Echaudé par l’insuccès de sa précédente série, le showrunner s’est peut-être tourné vers une création plus conformiste, capable de plaire au plus grand nombre. On perd en originalité et le caractère imprévisible finit par manquer. Le show s’est établi dans une routine au profil sûr, mais dont la répétition ne joue pas en sa faveur. Dans la rengaine, les carences deviennent de plus en plus flagrantes (enquêtes policières convenues) et soulignent une ambition à la traîne qui ne justifie pas des saisons d’une vingtaine d’épisodes. L’aspect soap et la croissance timide sur le long terme ne suffisent pas à remplir un tel volume.

Le professionnalisme de Caron et un casting parfait permettent au show de pallier l’insuffisance narrative de scripts paresseux. Dans le rôle d’Allison, on retrouve Patricia Arquette. Habituée au cinéma (True Romance, Stigmata, A Tombeau Ouvert), elle retrouve une seconde jeunesse dans Medium. Elle délivre une interprétation juste en mère de famille dépassée par un pouvoir envahissant, dont elle souhaiterait parfois se défaire. Son mari, Joe Dubois, est campé par Jake Weber (Meet Joe Black, Dawn of the Dead – le remake). L’homme détesté par la gente masculine, tant il présente un idéal féminin dans son comportement. Toujours serviable et à l’écoute de sa femme, il est la voix de la raison. Autour de ces deux figures fortes, qui portent toute la dynamique de la série, gravite le district attorney Manuel Devalos (Miguel Sandoval, visage familier des sériphiles, Alias, X-Files, West Wing, ER…), l’inspecteur Lee Scanlon (le fade David Cubitt, Traders, Robbery Homicide Division) et les trois enfants de la famille Dubois : Ariel (Sophia Vassilieva), Bridgette (Maria Lark) et Marie (Miranda Carabello). Ces personnages forment un noyau dur important, où vont se décliner des intrigues familiales quotidiennes à l’importance moindre mais pourtant indispensables. Où vont entrer en collision les questions d’héritage maternel (le fantastique) et des considérations pratique liées à l’éducation des enfants et leur croissance. Certains épisodes mettront ces enfants en avant et leur difficulté à gérer le don médiumnique sous de multiples formes.

Le show se savoure comme un spectacle anachronique. Jamais en phase avec son époque (si ce n’est son aspect soap), mais qui se perpétue d’année en année. Medium, de par son rythme et sa nature limitée, peut éprouver le spectateur, mais s’échappent, à chaque saison, des arcs ambitieux qui rompent avec la routine. C’est dans la cinquième saison que l’on retrouvera les meilleurs exemples avec des intrigues construites sur deux ou trois épisodes et n’hésitant pas à jouer avec des éléments que l’on pensait comme acquis. On peut néanmoins regretter la timidité de certaines évolutions, se rattachant au schéma du show avec précipitation. Medium est devenue, au fil du temps, une série aussi suivie que décriée par de nombreux détracteurs, jugeant sa répétitivité condamnable. C’est voir qu’une partie du tableau, mais l’on ne peut pas omettre ces problèmes de rythme et d’épisodes prétexte au remplissage saisonnier qui ternissent le portrait final.

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