Certaines séries portent en elles, les germes de leur échec. Quand son pitch ouvre déjà à toutes les railleries. On se souvient encore du magnifique Blind Justice et son flic aveugle qui reprend du service (avec arme et chien). Ou encore le casse-gueule (mais pas inintéressant) New Amsterdam et son flic immortel jusqu’à ce qu’il trouve l’âme sœur. Que ces deux séries s’inscrivent dans le registre policier n’est pas un hasard, quand on sait que le genre est surreprésenté à la télévision, il faut bien trouver quelque chose pour se différencier des CSI et Law & Order.
On découvre aujourd’hui Past Life, sur la Fox. Pour schématiser, la série au sujet incroyable s’inscrit entre Medium et Cold Case. Et si la réincarnation existait ? Le show nous propose de répondre à l’affirmative à cette question, et de nous convier à des enquêtes policières dont la victime serait réincarné dans le corps d’un quidam. Dans ce pilot, un adolescent de quatorze ans accueille l’esprit (la conscience) d’une fille de 8 ans disparue il y a… quatorze ans.
Avec un tel sujet (et au-delà de croyances personnelles), difficile de prendre la série au sérieux. Et cette dernière, dans sa forme et choix artistiques, ne nous facilite pas la tâche. Acteurs inconsistants, réalisation plate, effets fatigants durant les flash-back (cette syntaxe formelle pour traduire un souvenir violent et/ou confus est devenue une norme ridicule), écriture peu inspirée (mais avec un thème pareil, le challenge est quasi insurmontable), on finit par rire devant la pauvreté artistique de l’ensemble et certaines situations tellement improbables que personne ne peut décemment garder son sérieux. Past Life affiche dès son pilot ses propres limites, ses redondances (expliquer/convaincre que la réincarnation existe face à des sceptiques) et ses facilités (de fortes chances pour que tous les réincarnés habitent le même pays, et avec un peu chance, dans un rayon kilométrique pas très large).
Derrière cette histoire surnaturelle se cache l’idée qu’un crime ne peut rester impuni. Vieille antienne américaine qui s’inscrit dans 90% de la production nationale. Poursuivant, fantastique à l’appui, le travail d’un Cold Case (sans l’aspect politico-historique des Etats-Unis), en arrondissant encore plus les angles (bâtir une enquête sur quelques souvenirs éparses et déductions hasardeuses). Enfin la série butte sur son approche du fantastique. Durant ses débuts, Medium était parvenu à maintenir les pouvoirs d’Allison Dubois dans l’anonymat. Seules trois personnes étaient au courant. Avec Past Life, on entre directement dans une approche officielle. Il s’agit de croire à ce postulat. De prendre l’information pour argent comptant, sans quoi, la série n’existe plus. Le principal problème réside dans cette orientation. Et n’a pas été l’objet d’une quelconque réflexion sur ce thème difficile à adapter.
Past Life ressemble à un accident industriel. Partant d’une mauvaise idée à une conception sans imagination. On ne sera alors pas surpris d’apprendre que la Fox a déjà annulé la série, après seulement trois épisodes diffusés. A la seule vision de ce pilot, on imaginait mal la série perdurée au-delà de quelques épisodes, empêtrée dans une bouillie indigeste au fantastique ridicule et personnages inintéressants.
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