De toutes les nouveautés CW, Life Unexpected affiche les prétentions les plus nobles ou louables. On retrouve ce petit quelque chose d’opportuniste qui caractérise la chaîne (les remakes 90210 et Melrose Place, la vague post-Twilight avec Vampire Diaries), mais elle s’attaque à une matière première autrement plus présentable. L’intrigue tient en quelques lignes : une adolescente (Lux) approchant des seize ans retrouve son père et sa mère biologiques pour leur faire signer ses papiers d’émancipation afin de quitter le circuit des familles d’accueil. Evidemment, tout ne va pas se passer exactement comme la jeune fille l’avait prévu.
Lux descend d’une lignée d’adolescente pseudo-matures, à la répartie cynique et une vision du monde adulte un rien blasée (avec un soupçon de clairvoyance liée à la jeunesse). Si cette création existe depuis quelques années maintenant (George dans Dead Like Me), c’est Juno et Ellen Page qui a propulsé le prototype auprès du grand public. Succès du cinéma indépendant US, on pense immédiatement à cette dernière en regardant ce pilot. La structure même de l’épisode rappelle (en mode condensé) la construction d’un film labellisé Sundance. De la découverte des parents, leur (ex)relation, leur vie, à celle de l’adolescente, c’est une vision compressée, réduite aux séquences clés, qui donnent au pilot un caractère un peu pressé. Où l’on viendrait à penser que la série grille ses cartouches avec trop d’entrain.
Sur le fond comme sur la forme, ce pilot n’est pas désagréable à regarder. Reader Digest d’un film d’une heure et demie, le temps passe vite, les personnages bien (trop) campés et une structure qui ne ménage (quasi) aucun temps morts. Ce constat en apparence positif masque d’autres considérations liées à l’avenir de la série.
La première (et plus importante) : qu’est ce que la série va bien pouvoir raconter de suffisamment intéressant pour tenir son format ?
On a, pour ainsi dire, vu en une quarantaine de minutes ce qui pouvait, avec un peu d’effort, tenir entre trois et cinq épisodes. Les parents ont déjà accepté l’idée que leur progéniture prenne place dans leur vie (quand l’une l’avait abandonné à la naissance et l’autre n’était même pas au courant de son existence), quand bien même cette dernière n’est pas d’une solidité et d’un équilibre éprouvés (la caractérisation schématiques entre la mère qui souffre – depuis – d’un complexe d’affection et un père resté coincé dans l’âge teenage).
Seconde : La marge de manœuvre et évolution des personnages restent hyper classique (et donc, trop prévisible) :
Enoncé un peu plus haut, on voit mal comment les principaux personnages (parents/Lux) peuvent évoluer de façon surprenante. Comme on reste dans un cadre sage (et sur un network qui ne pratique pas la subversion), on n’imagine pas les scénaristes œuvrer dans un politiquement (ou moralement, dans le cas de la série) incorrect qui verrait les parents biologiques rejeter leur enfant après l’avoir abandonnée une première fois. Et si l’on semble éviter le jeu de la séduction nostalgique (évacué dans ce pilot) entre les anciens amants, leur trajectoire semble toute tracée.
Malgré tout, on voit bien la série miser sur son capital sympathie (son héroïne), l’alchimie des acteurs pour passer outre des carences évidentes. Son pilot possède certaines qualités, notamment une forme de professionnalisme emprunté au cinéma indie (écriture des dialogues, bande son) où l’on s’aperçoit qu’au-delà de griefs imposants, il demeure une certaine satisfaction, une ambiance générale qui pousse à l’indulgence. Pendant combien de temps ?..
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Un pilote très agréable à regarder, malheureusement les épisodes suivants sentent déjà plus le réchauffé, on sent qu’entre le pilote et la suite les exécutifs sont passés par là, et on ratiboiser ce qui faisait le sel de cet épisode. Cela reste plaisant, mais un peu neuneu, espérons que cela s’améliore.
Même constat me concernant. Les deux épisodes suivants tombent dans le sentimental gentillet et les grosses ficelles. Reste une dynamique des personnages qui fonctionne encore, mais certaines réactions demeurent beaucoup trop prévisibles pour convaincre.