L’année dernière le micro buzz d’une rentrée dominée par Fringe et Dollhouse pointait chez CW avec l’annonce du remake/relaunch de Beverly Hills, réduit à son célèbre code postal : 90210. Pari osé, pari manqué. Les auteurs ne nous offrent qu’une vision vaguement modernisée qui lorgne du côté de Gossip Girl sans atteindre son incroyable efficacité à produire du vide et à le rendre intéressant. Cette année, CW poursuit sur sa lancée de dépoussiérage, avec le remake/relaunch (logique) de Melrose Place. Et ce sont autant de souvenirs qui remontent, avec l’aveu moins coupable de formidables moments passés devant la télévision à suivre des aventures surréalistes et complètement folles.
Melrose Place, c’est la version adulte de Beverly Hills. Fini les petits bourgeois à papa et maman et leurs histoires de lycée, place au monde d’adultes. La cruauté de l’univers professionnel pour des wanna be, et l’érotisme en mode Hitchcock, basé sur la suggestion (on ne verra que les préliminaires ou on couchera avec ses sous-vêtements). Un érotisme hyper soft mais qui donnera quelques suées aux jeunes adolescents. Melrose Place, c’est le soap sous coke, poussé dans ses derniers retranchements. Où les scénaristes ne cherchent plus une quelconque logique et une forme de réalisme, mais cultive la surenchère dans le but d’atteindre un niveau toujours plus haut. Des arcs narratifs déments et des personnages mémorables.
Si aujourd’hui (ou l’année dernière), l’existence d’un remake de 90210 apparait inutile (Gossip Girl a repris fièrement le flambeau), Melrose Place a une place à prendre. Et dans sa vacuité légendaire, a de quoi faire la nique aux sages Desperates Housewives.
Introduction. Un baiser langoureux, quelques caresses. Melrose Place est de retour ! Erotisme de courte durée. Les téléphones sonnent, on se retweet les SMS pour passer l’information en mode viral. Et ainsi, faire le tour des nouveaux locataires de Melrose Place. S. (non pas Serena) demande de l’aide. Apparition en femme fatale. On aurait préféré une forme fantomatique sur les bords de la piscine. Sydney, back from the dead et propriétaire des lieux. Comme pour 90210, on attendait le retour des vieux. Et quelle plus belle surprise que de voir les deux villains de la série Sydney et Michael Mancini. La garce et le salaud manipulateur. Les responsables des plus intenses et machiavéliques plans de conquêtes (avec Kimberly). Un retour de courte durée pour la MILF, retrouvée morte dans la piscine.
Point de départ de la saison qui permettra aux nombreux flash-back d’éclairer l’ellipse entre les deux séries, raconter les origines des nouveaux personnages et semer le doute sur la mort de Sydney. Forme de déconstruction du temps (très à la mode, aujourd’hui) et terrain fertile pour une imagination débridée. Des nouveaux locataires, on s’amusera au jeu des ressemblances. Le couple parfait (jusqu’à quand ?) Jonah & Riley pour Billy & Allison ; Ella en Amanda Woodward ; Auggie en Jake ; Violet, la nouvelle Sydney ; David, le fils Mancini… Et l’on essaiera de les placer dans chacun des appartements. Chez les nouveaux, on possède une belle brochette de brochures de mode, chacun s’évertuant dans un avenir professionnel semé d’embûches. L’apprenti cinéaste, l’interne en médecine, la publicitaire (déjà successfull), le chef de cuisine… Ce pilot bâti son petit univers fait de pas grand-chose, et l’on attend qu’il explose et s’éparpille un peu partout.
Melrose Place, c’est la promesse du méta-soap. Une relecture (post)moderne qui explose les convenances, se vautre dans la vulgarité, dans la luxure, dans une surenchère dramatique permanente. Un véritable culte érigé en faux guilty pleasure. Un univers fake, mais dans lequel on peut tout se permettre. Si la paire d’auteur (Todd Slavkin & Darren Swimmer) s’y prend bien, on peut s’attendre à un spectacle qui mêle glamour cheap et érotisme prude (CW), ambiance sulfureuse et complots improbables, rythme sous coke et bons sentiments larvés. Un programme alléchant pour une œuvre que l’on espère aussi vénéneuse que la morte de la saison.
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