Melrose Place 01×12 : San Vicente (Mid-Season)

Melrose Place 01×12 : San Vicente (Mid-Season)


Spoilers alert…

On pronostiquait le guilty pleasure de la rentrée. Le méta soap. Comme Sydney, la mythique série des 90’s renait de ses cendres, offerte sur un plateau par la CW, déjà coupable du relaunch de 90210.

La production mettait toutes les chances de son côté. Un retour d’outre-tombe (la peste Sydney), Le grand salaud de la série (de la télé ?), Michael Mancini et comme toile de fond (à l’époque pour la saison) : la (vraie) mort de Sydney, retrouvée dans la piscine du patio. Audience catastrophique oblige, on joue, coup sur coup, deux atouts pour sauver la série : Un autre retour, celui de la perfide Amanda Woodward (in 01×10 : Cahuenga) et la trame du meurtre réduite à douze épisodes, soit juste avant la trêve hivernale.

Melrose Place « 2009 » n’a pas tenu ses promesses. Sanction immédiate, des audiences catastrophiques. Force est d’admettre que les espoirs (sincères) placés en elle, hystérie des situations ou personnages ; des grands instants opératiques à chaque épisode ; scénarii tortueux, pervers ; pousser l’exercice du soap dans ses derniers retranchements, comme avait pu le faire Melrose Place première du nom en son temps, n’a pas trouvé d’écho dans cette moitié de saison. Même le meurtre de Sydney ne semble pas intéresser les scénaristes. Pas étonnant de retrouver cette intrigue résolue à l’entrée de l’hiver.

Les raisons de l’échec : Une galerie de personnages fades et sans intérêts, aux complexes existentiels désespérément terre à terre et banaux. Genre ceux de monsieur et madame tout-le-monde (à L.A.). Si bien sûr, on navigue dans deux ou trois micro-intrigues individuelles bigger than life et qui tentent (en vain) de jouer sur la nostalgie de la grande sœur (l’interne qui se prostitue, le gosse de riche qui vole), l’ensemble reste d’une timidité insupportable quand on porte la marque des plus grands (dans le genre dégradant-décapant). Seule Ella nous rappelle une mini-Amanda (wanna be à l’agence de pub WPK). L’actrice (Katie Cassidy, vue en future mariée dans Harper’s Island) sur-joue en permanence, et parvient, par cette exubérance du comportement et des intonations, à toucher la corde nostalgique. Sa storyline avec Jonah (dont le couple avec Riley atteint les sommets de l’ennui, à bouffer tout cru le déjà pas excitant Billy/Allison de l’originale) permettra d’éviter l’encéphalogramme plat.

On pensait les années 2000 comme celles de la décadence. Si l’on n’espérait pas (network oblige) retrouver la crudité d’un Sex and the City ou Californication, on désespère de s’asseoir devant une version un brin cul béni. Evacuation de tout érotisme soft, la chair se dévoile avec la pudeur d’une none. Alors que Gossip Girl multiplie les situations osées avec l’assurance d’une série sûre de son temps, Melrose Place « 2009 » parvient à se montrer plus coincée que son aîné. Et au-delà des considérations bassement charnelles, rien dans les intrigues dévoilées ne témoignent d’une franche envie d’en découdre avec la morne réalité. Pire, la série devient franchement hypocrite quand elle tente de faire dans le social, où une jeune interne est obligée de travailler pour une agence de call-girl afin de payer ses études. On attendait du stupre et de la luxure et on compose avec les fins de mois difficile et le pointage aux Pôle Emploi (métaphoriquement parlant).

Ce dernier épisode avant la pause nous révèle donc le meurtrier de Sydney. Après les fausses pistes gratuites (et prévisibles) Auggie, Violet, David et même Michael (pourquoi des soupçons aussi tardifs ?), la coupable s’avère (à l’image de la série) décevante. Et le mobile dans un genre pathétique pas jouissif. Nous rejouer la partition de la femme bafouée, la revanche adultérine, revient à invoquer les démons du daytime soap. Ce corps, retrouvé dans la piscine, avait tout du symbole (surtout quand son propriétaire est Sydney). Pervertir (si besoins était) un peu plus ce lieu iconique laissait présager de louables intentions (jouer avec les codes de la série, raviver la mémoire des anciens spectateurs). Jusqu’à pousser le vice en supprimant le générique pour ne garder que le titre de la série… inscrit au fond de la piscine. Sous-texte limpide, dont on ne comprend pas le peu d’importance qu’il prendra par la suite (exception faite de la mort de Vanessa, tuée par la propre fille de Sydney, noyée dans la piscine, façon de boucler la boucle).

Qu’attendre des prochains épisodes ? Quid de l’avenir de la série ? Pas grand-chose à penser, ni à espérer. On peut souhaiter qu’Amanda prenne une place plus importante, voire omnisciente (mais sa quête d’un tableau ne passionne pas vraiment, on préfèrerait un cadavre dans un placard), comme promis à la fin du 01×11. De voir dans le couple Ella/Jonah une réaction paradoxale, où le crédule parasite la manipulatrice est vice et versa. Le reste importe peu, et on ne voit pas très comment il pourrait en être autrement. On ne plaçait pas de hauts espoirs dans Melrose Place, mais on ne peut s’empêcher d’être déçu.

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  2. Melrose Place 01×10 : Cahuenga
  3. The Vampire Diaries, saison 01 : Bilan de mid-season