On ne pariait pas grand-chose sur The Vampire Diaries. Au-delà des qualités éventuelles (l’auteur de ces lignes n’a pas lu les livres) de l’œuvre, l’adaptation commandée par la CW sentait beaucoup trop l’opportunisme pour être honnête. Après un pilot guère engageant et une poignée d’épisodes suivants du même niveau, la série parvient à trouver son rythme, ne ménageant pas ses effets, et progresse à grande vitesse.
Pour ce bilan de mid-season, il ne s’agit pas de réhabiliter la série. Elle souffre des défauts inhérents à sa condition. Avec pour cible les adolescents, on retrouve un univers policée, avec un soupçon de ténèbres et d’horreur soft pour pimenter la chose. Mais en faisant abstraction de ses limites, s’organise une réévaluation. Où l’on se rend compte que malgré tout, le spectacle proposé n’est pas si mauvais. Le principe consiste à regarder le programme tel qu’il est (et non comme il pourrait être) et oublier la concurrence actuelle (True Blood).
La principale qualité de la série tient dans sa gestion du rythme, l’agencement de sa progression. Dans The Vampire Diaries, rien ne dure très longtemps. Alors que dans ce genre de série tout est étiré jusqu’à rupture, on assiste à une évolution rapide des évènements. Traduit par la relation Elena/Stefan, on assiste au schéma classique, réduit à une poignée d’épisode : connaissance, naissance de la relation, révélation de la condition de vampire, jusqu’à la danse du je t’aime moi non plus, passage obligé mais toujours aussi redondant. Dans d’autres séries, cela prendrait une saison entière, dans les mains de Kevin Williamson, tout est condensé en douze épisodes. On est bien loin du rythme Dawson/Joey dans Dawson’s Creek ou les atermoiements excessifs de Dan et Serena dans Gossip Girl.
Cette faculté à vouloir accélérer les choses tient peut-être dans le zeitgeist. Dans un contexte difficile où la moindre erreur se paye au prix fort (The Beautiful Life annulée après seulement deux épisodes), il est devenu indispensable de ne plus ménager la narration de temps morts, mais d’exercer une pression constante. Face à un public de plus en plus volage (la tranche d’âge ciblée l’est particulièrement), forcer la fidélisation par le spectaculaire. Dans le cas de The Vampire Diaries, cela s’exerce par un gommage du superflu, pour ne retenir que l’essentiel. Sans que le résultat (et c’est presque dommage) ne revête des allures expérimentales. On reste, envers et contre tout, encré dans une structure classique et un genre codifié par des impératifs plus commerciaux qu’artistiques.
Seconde hypothèse, la maigreur générale de l’intrigue force Williamson à limiter au maximum les périodes contemplatives. The Vampire Diaries brasse un certains nombre d’éléments déjà vus, déjà lus, sans apporter un quelconque éclairage novateur qui justifie son existence. Face au rouleau compresseur Twilight, difficile de prouver son identité. Et dans le monde des séries, elle passe après la reine du genre (et au-delà) : Buffy, The Vampire Slayer, qui a déjà tout dit, et bien mieux. Reconnaissons au scénariste l’humilité qui caractérise son adaptation, The Vampire Diaries ne cherche jamais à affronter la concurrence sur son propre terrain (Buffy), mais vient plutôt titiller le monstre du côté du cinéma. Où l’enjeu se traduit dans l’approche de la narration et les possibilités permises par le medium. Là où Twilight s’étalera sur plusieurs films (gestation lourde de la machinerie cinématographique), The Vampire Diaries instaurera un rapport plus impliquant, où la répétition hebdomadaire entraîne un rapport (plus) fusionnel avec la lecture des livres. Affaire de sensation, sur l’éternelle opposition cinéma/séries télé.
On peut parler de bonne surprise. Où comment une série qui n’augurait rien de bon s’avère finalement bien plus acceptable que d’autres séries buzzées. Toute proportion gardée (et compte tenu du public auquel s’adresse la série), The Vampire Diaries s’en sort avec les honneurs. Si les personnages n’affichent guère d’épaisseur (caractérisation schématique), voire un aspect trop figé, le show emporte la mise sur sa narration, la profusion de ses bouleversements (à petite échelle) qui apportent une dynamique salvatrice. Et compense ses carences par une énergie renouvelée en permanence. On évite l’ennui (malgré le caractère prévisible de certaines évolutions) et dans une série aussi calibrée, cela relève du mérite.
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