Heroes, saison 04 : Bilan de mid-season

Heroes, saison 04 : Bilan de mid-season

Dans le genre des séries à combustion spontanée, Heroes, comme Prison Break font figure de cas d’école (on pourrait citer Californication également, mais l’engouement public moindre, la déclasse). Où la vie de la série n’est qu’une longue déchéance critique, suivi d’une désaffection majeure du public (voir le serie finale de Prison Break qui n’a intéressé personne).

Incompréhension : le renouvellement gracieux accordé par la NBC alors que la troisième saison enregistrait ses plus mauvais scores d’audience. Après la fin d’ER, la chaîne avait-elle besoins d’une série étendard ? Dans le cas d’Heroes, ce serait plutôt source de moquerie, contre un network qui a déjà fait le pari de la mort des séries (programmation du Jay Leno Show cinq soirs par semaine). Tim Kring revient pour une quatrième année, sans excuses (les dernières n’ont pas été convaincantes) et sans Bryan Fuller déjà reparti vers d’autres cieux (l’apport de ce dernier n’aura pas été miraculeux dans les épisodes finaux de la saison trois).

Avantage : Kring et Heroes repartent sans pression, sans attente (mais sans public aussi). Si l’on était prêt à pardonner le showrunner pour sa seconde saison bancale (la grève des scénaristes), ce n’est plus le cas des volumes trois et quatre (constituant la saison trois).  Où le travail de Kring s’apparente à un constant work in progress à l’écoute des critiques. Volume deux trop mou ? On met de l’action à foison dans le trois et tant pis pour l’histoire. On essaie alors de se rattraper dans le volume quatre, mais le mal est fait, les bases de la série ont disparu, il n’existe plus de fond pour produire une intrigue qui se tienne.

Cause de l’échec : Avoir manqué de discernement après la première saison, vouloir repartir directement avec une intrigue à grande échelle et oublier la nature réelle des qualités et ce qui a provoqué l’enthousiasme publique. Si la saison une pouvait (en quelque sorte) se résumer par le mantra «  Save the chearleader. Save the world. », le grand mérite du show est d’avoir observé ses heroes à l’échelle humaine et quotidienne. Les encrer dans un réalisme permanent et observer l’apprentissage de ces hommes et femmes se découvrant des aptitudes extraordinaires. Entre dons et malédictions. Au même titre que le premier Spider-man de Sam Raimi ou encore lncassable de M. Night Shyamalan, placer l’être humain au cœur du récit, avant même sa condition de super-héro (ou vilain). Depuis la seconde saison, le récit s’apparente à une fuite en avant, reniant ses principes ou sa natures pour du grand spectacle sans fond, sans personnages, aux intrigues cycliques (et contradictrices) n’ayant déjà plus rien à raconter.

Le miracle s’est-il produit ? Pendant les trois ou quatre premiers épisodes de cette quatrième saison, il aura fait illusion. On n’en attendait rien, et pourtant, on retrouve un peu de la magie des débuts. Car cette saison débute sans enjeu. Pas de prophétie, pas d’éclipses. On devine bien le villain de la saison, sans connaître ses intentions. On suit le retour à la vie normale des personnages principaux. Peter, de nouveau infirmier, Matt en famille, Hiro et Ando dans l’entreprise familiale, Claire au lycée. Les rares éléments de la précédente saison sont même évacués, expédiés comme trop honteux (excepté l’intrigue Sylar/Nathan, responsable du plongeon de la saison vers la médiocrité). Si Hiro retrouve (trop vite) ses mauvaises habitudes, elles sont motivées par une cause individuelle. Pour les autres, l’intérêt de leurs intrigues est quasi inexistant, et c’est pour cette raison précisément, que les épisodes fonctionnent, au point de retrouver (un peu) des sensations éprouvées lors de la première saison. (Re)Faire des Heroes, des messieurs et mesdames tout-le-monde. Intégrer les codes du soap dans la fiction super-héroïque. Voilà à quoi aurait du ressembler la suite de la saison une. Continuité en douceur et lecture des personnages, leurs relations, leurs pouvoirs, approfondie.

La joie restera de courte durée. Illustrant les mauvais présages qui parcourent la série, quand la mater Petrelli est exposée, la série sombre. Et quand le big bad guy dévoile ses enjeux, l’intérêt retombe. Au point de ressentir bien plus de satisfaction autour de l’intrigue Peter/Emma que le (faux) suspense du terrible Samuel. Episodes sans rythme, scénarii prévisibles et prévision alarmiste (re)constituent le squelette de la série. Pas encore embourbé, le point de non-retour à portée, le show peut encore rebondir. Cela fait trois ans que l’on émet ce souhait. L’envie n’y est plus vraiment, mais on renouvelle l’exercice, comme une mauvaise habitude. Car malgré tout, la série possède toujours ce potentiel énorme. Fantômes d’une saison remarquable, déchainant les passions de quelques X-fans. Mais il semblerait, au vu des six ou sept derniers épisodes, que Tim Kring et sa team aient perdu leur mojo. Répétant les mêmes erreurs, à l’image d’un Hiro figé comme une mauvaise caricature, incapable d’évoluer, confiné dans ce rôle de comique de service, porte d’entrée à un univers pour non-connaisseur et qui ne possède plus aucune justification dans le récit. A force de retourner dans le passé pour corriger ses erreurs, il finit par ne plus exister dans le présent. On peut voir alors Hiro comme le double de Tim Kring et de son œuvre.

Lire également:

  1. The Vampire Diaries, saison 01 : Bilan de mid-season
  2. Heroes, Trailer saison 04
  3. Heroes 03×08 : Villains
  4. Caprica, saison 01 : Bilan Mi-saison