Mad Men 03×02 : Love Among the Ruins

Mad Men 03×02 : Love Among the Ruins

Prendre le pouls d’une société par ces menus détails. Illustrer les changements de nos modes de vie par de petites touches. Autre mission de Matt Weiner sur Mad Men. Dans le fond de la série, les révolutions à venir s’apprêtent à jaillir. L’émancipation de la femme, l’homosexualité sont des grands chantiers du show. Ceux que l’on voit se construire devant nos yeux. Et qui font l’enjeu de la série. Mais il faut composer avec de l’anecdotique, des gestes moins importants, plus dissous dans le quotidien. Et que l’on remarque, sans en prendre toute la mesure. Dans la saison précédente (02×07 : The Gold Violin), c’était l’écologie qui s’imprimait sur un déjeuner champêtre de la famille Draper. Quand vient l’heure du départ, on récupère ses affaires, secoue la nappe, laissant derrière soit, un amas de détritus. A l’époque, ce n’était pas choquant. Juste normal. Dans la première saison, c’était la cigarette. Objet de distinction et praticable dans tous les lieux publics (bureaux, bars, restaurant,…). On la retrouve dans cet épisode, manipulée par Betty, enceinte. Une pratique évidente, on ne savait ( ?) pas encore que cela pouvait affecter le fœtus. Betty, accompagnant Don pour un repas d’affaire avec les anglais, boit du vin et en savoure chaque goutte. Une fois encore, on ne savait pas.

L’épisode se concentre sur Peggy (après une courte apparition dans le season premiere). Difficulté pour la jeune femme d’imposer sa féminité dans un univers masculin et pensé comme tel. Résumé par Don en deux phrases, dans le cadre d’une publicité pour Patio Cola (un diet Pepsie, donc produit pour les femmes) : « Men want her. Women want to be her. ». Peggy lutte (en vain) pour imposer son regard de femme, comment le mettre au premier plan, comment imposer la réflexion féminine comme produit de cible. Archétype de la femme moderne (donc contre nature pour l’époque) qui ira lever un petit étudiant dans un bar pour une aventure d’un soir (faisant « l’homme » comme elle s’enfuit au milieu de la nuit). On devine Peggy torturée, réprimée, dévorée par des sentiments contradictoires et soulignée par une fragilité que l’on pourrait assimiler à un complexe d’infériorité (elle ne jouit pas de sa qualité de publicitaire et les hommes le lui rendent bien « ce n’est pas trop dure, la dactylographie ? », incapable d’envisager qu’elle pourrait être autre chose qu’une secrétaire).

Au foyer des Draper, la famille de Betty s’invite. Père toujours malade et largué par sa copine, frère et belle sœur en chaperon. Ambiance tendue que dynamitera Don d’une façon inattendue et guère compréhensible (une habitude du personnage, plus à un paradoxe près). Incompréhension que l’on retrouvera au sein de Sterling Cooper quand il s’agit de s’occuper d’un futur gros client. Deux situations qui n’entretiennent peu de rapport, mais qui auront certainement une répercussion importante dans le futur de la saison. Mad Men creuse toujours ses thèmes fétiches et ouvre ses portes sur l’avenir. Conscient que la réussite de la série tient au savant mélange de l’illustration d’une société en mouvement et la destiné des personnages.

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