Mental saison 01 : A bout de souffle

Mental saison 01 : A bout de souffle

Sur la Fox, dans la famille des médecins excentriques, on connaissait déjà House. Puis, une personnalité similaire est apparue, officiant dans un domaine relevant autant de la science comportementale que de l’étude du caractère humain, Dr Carl Lightman (Lie to Me). On pourrait rappeler l’existence du professeur Bishop (Fringe), le pendant savant-fou de la bande dans le registre hard-science pour parfaire le portrait. Mental ajoute une pierre à l’édifice avec son personnage principal, Jack Gallagher, psychiatre insolite aux méthodes peu orthodoxes.

Programme estival, production américano-colombienne créé par Deborah Joy Levine, Mental pourrait être vue comme la première série post crise. Pas dans sa forme dramatique où seul le dernier épisode exploite ce contexte, mais dans sa production. Tournage délocalisé en Colombie, filmé en vidéo, le show sent bon les coupes budgétaires, le besoins d’économie. En résulte un look très cheap et quelques effets spéciaux dépassés depuis trop longtemps. De ses décors à sa réalisation sans imagination, l’ensemble forme une coquille vide et le show de devenir aussi factice que désincarné.

Au-delà de ces aspects purement formels, le principe de la série n’invite pas non plus le spectateur à croire à son univers. En effet, difficile d’imaginer ce psychiatre, miracle-man, capable de soigner des cas complexes en seulement quelques jours. On n’est loin du traitement tout en endurance d’In Treatment. S’il est acquis que Jack Gallagher est une sommité dans sa profession, sa réussite tient plus du super-héro que du docteur. Tout comme House, la série verse autant dans le médical que le policier. Où la maladie (ou cause de) devient le coupable à découvrir, l’enquête à résoudre. Et dans le cadre de troubles et désordres mentaux, l’orientation choisie affiche rapidement ses limites. Autre problème, la pauvreté des cas proposés aux enjeux dramatiques quasi nuls. Traitement d’une psychiatrie light, peu de perspectives d’échecs (un cas sur treize), situations prévisibles jusqu’à la lutte intestine avec la hiérarchie sans imagination, la liste des écueils s’allongent et rendent le programme dispensable et à l’intérêt relatif.

Pour contrebalancer cette mouvance fatale, on peut souligner l’exotisme de Gallagher qui évite à la série se sombrer totalement. Accent anglais à l’appuie (les américains découvriraient-ils la valeur de cet accent, après Tim Roth dans Lie to Me ?), le psychiatre apporte de l’énergie et une fraîcheur dans un univers vicié. Sa relation avec sa sœur (synonyme d’échec professionnel et personnel) constituera la colonne vertébrale du show. D’abord évoquée en fantôme, silencieuse au bout du téléphone, on la retrouvera pour le dernier tiers de la saison. La dynamique frère et sœur fonctionne bien (et change des amants) et si l’on peut regretter un traitement un peu trop uniforme dans la confrontation avec le beau père, la série y gagne un regain d’humanité dans cette illustration au contraste plus appuyée que l’apparence lissée des autres personnages.

Malgré l’adjonction de l’élément fraternel, la série finit par se saborder dans le serie finale. Evacuation temporaire de l’hôpital pour raison infectieuse, déboire financier qui révèle, de façon abrupte, les alliances pour dégommer Gallagher de son poste, ce dernier, effondré par le départ de sa sœur s’autopsychanalise dans une séquence ridicule et le finish emprunte aux clichés type « Les Routes du Paradis ». Quarante cinq minute de précipitations vers un finish certainement pas programmé aussi vite et qui tente d’imposer une conclusion à la va-vite. A l’image d’une série qui a fait de la psychiatrie une course de vitesse où les cas se résolvent à tour de bras. Toute la médecine ne peut se construire comme un épisode de House et certains domaines devraient sortir des standards du formula show.

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