Au-delà d’une nouvelle saison de 24, au-delà d’un énième complot visant une sommité politique, au-delà d’une nouvelle délocalisation (New-York), au-delà d’un CTU tout neuf (au look improbable d’hôtel quatre étoiles), l’information principale, révélée dans un premier teaser, tient en un seul mot : Grand-père. Derrière le terme, tout un concept : celui du héro vieillissant. La saison précédente nous avait prévenus. Le grand ennemi de la folle journée n’était pas Tony le mort-vivant ou quelques conspirateurs nationalistes. Mais le corps lui-même de Jack. Défection, abandon, trahison, le vocabulaire made in 24 appliqué au corps du héro. Le temps dans 24 restait une donnée relative. Les présidents se succédaient (la plupart sans terminer leur mandat), Jack restait, envers et contre tout, sans ressentir le poids des ans.
Rattrapé ainsi par le temps, on devine le projet des producteurs : amorcer la fin de 24, et donc celle de Jack Bauer. Grosse entreprise de destruction qui a débuté par la fuite de Los Angeles et la maladie contractée dans la saison sept (mais on nous informe d’une totale guérison). Plus concret, le nouveau titre porté par papy Jack laisse entrevoir, aux yeux du public, la mise à mort (métaphorique ou non) du néo super-héro. Une figure de la première décennie du millénaire. Le Captain America de l’ère Bush et post 09/11. Une trajectoire compressée (stigmate des temps modernes), où la naissance, la vie la mort se confondent en une poignée de saisons (huit, neuf, dix peut-être, déjà un très joli score pour une série concept).
Saison programmatique. La vieillesse du héro. Continuité de l’usure ressentie dans la journée précédente. Bauer fatigué de sauver le monde. Fatigué de répéter sans cesse un schéma qui n’en finira jamais (allusion à la répétition des saisons ad nauseam). On savait le personnage, le héro, porter en lui les principales thématiques de la série (et donc du monde géopolitique actuel), à présent, il faut composer avec l’autocritique. Après le néo super-héro, vient le méta-super-héro. Les codes de la série sont usés depuis bien longtemps, mais entre les lignes, la pêche à la crypto-information est toujours aussi bonne.
Ces deux premiers épisodes donnent le ton. Sans surprise. Exception d’un tempo ralenti (erreur corrigé des saisons six et sept), d’une menace encore floue (en espérant ne plus avoir de saisons mille-feuilles) et du visage connu du méchant de service, monsieur Tooms lui-même (Doug Hutchinson). Avec du poids et des rides en plus. Mais toujours aussi inquiétant. Même (surtout ?) sans ouvrir la bouche. Présentation succincte des nouveaux personnages (qui est le traître, cette année ?) et Papy ronchon, à deux doigts de laisser en plan Chloé (très ingrat le Jack, avec l’âge) mais sauvé (sic) in extremis par le discours de sa fille-chérie (après les années-boulet où elle était une épine dans le talon de son père, les scénaristes choisissent de lui donner le rôle de générateur d’emmerdes de la journée, belle progression, et nous sommes saufs).
24 où une certaine vision de l’enfer (de Jack). Répétition d’une journée catastrophe, encore et toujours…
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