On a assisté, en cette rentrée 2009/2010, à un évènement majeur de la télévision américaine que personne (ou presque) n’a relevé ou commenté. Cela se passait dans le season premiere de la huitième saison de CSI : Miami, épisode flash-back sur la naissance de l’équipe, alors que Delko, lutte entre la vie et la mort.
CSI : Miami est la première des trois à mettre en scène le commencement. Plonger dans le passé, retrouver la source. Un plaisir de scénaristes qui peuvent ainsi placer plein de petits détails. Façon de récompenser les spectateurs assidus de leur fidélité. Un principe qui va un peu à contre courant du cahier des charges « CSI ». Avec cette volonté d’aller toujours vers l’avant, de suspendre la continuité à un fil discret afin que quiconque soit capable de prendre l’aventure en route, et comprendre. Archétypes, situations clés, interchangeables d’une série à l’autre. Seule la ville impose son caractère et donne le ton du show.
Delko, blessé, prenant la fuite dans les marais de la Floride. L’homme titube, l’œil du spectateur accuse les flashs, filtres et décadrages violents, formalisme cathartique. A bout de force, il s’effondre près d’un poste téléphonique de secours. Un endroit précis, détonateur de souvenirs. Ce flash-back possède deux enjeux : commémoration de l’équipe alors qu’un de ses membres est au seuil de la mort, et présenter un futur personnage récurrent. Faire du nouveau gars, un ancien. Faire du dernier arrivé, le premier, l’homme, avec Horatio bien sûr, qui a vu les mérites de la science avant tout le monde, l’étude des scènes de crime comme lieu principal des réponses. Celui qui a déserté (à peine) les salles d’interrogatoire, trop imprévisibles et peu fiables.
A travers une enquête sans intérêt particulier, si ce n’est la désaffection des méthodes traditionnelles (à l’époque) pour confondre le criminel, on devine une vision que l’on croirait empruntée au 70’s avec ses flics durs, qui ne jurent que par la méthode forte. Où les preuves importent moins que les intuitions. Illustrée par une paire de flicailles qui prend de haut le célèbre (et pas encore déifié) Horatio bien en peine avec ces aptitudes scientifiques. Cette vision, c’est un peu la revanche des années 2000 sur les années 1970. Modernisme contre archaïsme. Et cette victoire de la science, qui délivre des soupçons un innocent et envoie le coupable en prison. L’ère des CSIs peut commencer.
Mais quid de cet évènement annoncé en début d’article ? Il est amorcé de façon anodine. A la fin d’un dialogue entre Horatio et Delko. Un peu comme un running gag. Et vers la fin de l’épisode, alors que l’on apprend que Delko va passer le diplôme de policier, se glisse le cadeau promis par ce dernier à Horatio : une paire de lunette de soleil. LA paire de lunette de soleil ! On vient d’assister à la naissance de l’un des gimmicks les plus importants (et moqués) des années 2000 : les lunettes de soleil d’Horatio Caine. L’élément sans lequel le Dieu de Miami ne serait pas tout à fait le même. L’armure, le costume du nouveau super-héro américain. Plus que la naissance de l’équipe, c’est par cet élément que l’on peut affirmer que CSI : Miami commence. Dommage que cet épisode ne suit pas le terrible season finale de la saison 06 et ce traumatique plan final qui montrait H. au sol après avoir reçu une balle de sniper, à travers le verre brisé de ses lunettes.
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