Si l’épisode précédent mettait en scène la mort, c’est avec une naissance que The Fog composera. Quand le décès du père de Betty marque encore durablement l’atmosphère. A tel point, que de célébration, il ne restera pas grand-chose. Un accouchement douloureux sous calmant (voire psychotropes, vu les délires de Betty) et Don, face au décès, à la naissance. Autant d’interrogations qui construisent ce personnage fascinant, qui n’a pas révélé tous ses mystères.
Premier acte en salle de classe pour gérer la pauvre Sally, marquée par la disparition de son grand-père. Betty ne supporte pas la discussion. Reste Don et la maîtresse. Etrange communion autour de la perte d’un parent. Compréhension tacite. Echanges lourds et intenses. On gratte une nouvelle fois le passé de Don. Suggérant plus que dévoilant. Le personnage garde son opacité légendaire. Et accroit une fois de plus son magnétisme.
Second acte, un long échange en salle d’attente. Un gardien de prison, qui attend la naissance de son premier enfant. L’homme passera par toutes les phases, renvoyant Don dans une autoréflexion sur sa condition de mari et de père. On remarque une fois de plus la qualité d’écriture de la série. Dialogues ciselés, aux entrées multiples. A la fois garant de son époque et enrichissant les intrigues ou personnages. Une mélodie à l’intelligence soulignée. Certaines réflexions, violentes, renvoient Don à ses propres doutes. Devant ce nouveau père, aux considérations impudiques, il tiendra un rôle de mentor. Ses réflexions rassureront le gardien de prison, ou le feront rire. Illustration de l’aisance qui caractérise le personnage, avare en mots, mais d’une perspicacité devenue légendaire.
Ces deux actes mettent en lumière les contradictions du personnage. Et ses traumatismes passés comme carburant de ces paradoxes. Jeu de séduction avec la maîtresse d’un côté (plus passif qu’acteur) et introspection subie sur sa qualité d’homme (moral + éthique). Don incarne l’homme moderne de la série, légèrement anachronique et clairvoyant.
A Sterling Cooper, les mentalités entrent également en conflit avec l’époque. De Peggy, l’autre incarnation de la modernité, quand elle demande un salaire équivalent aux hommes. A Peter, confronté au racisme quand il tente d’orienter sa publicité vers les « negros ». Cette illustration démontre l’évolution parcourue, tout en rappelant que cette époque n’est pas si lointaine. SI la trajectoire de Peggy reste d’une logique implacable, Peter prend des chemins de traverses intéressants. Ce n’est pas sa conscience, son éthique qui pousse à « utiliser » des Noirs comme cible principale de sa campagne (chose impensable dans un magazine pour Blancs), à réaliser une publicité mainstream, mais son ambition, ses dents longues. Le tout, accompagné d’une certaine fierté qui le pousse à repousser l’offre de Duck.
Des forces s’exercent à Sterling Cooper. Un vent du changement s’élève. Dans les mentalités de ses employés, dans sa direction elle-même (la guerre aux dépenses bureautiques), l’ouverture maintream motivé par l’appât du gain. L’agence de publicité est une lucarne vers l’avenir. Un univers progressif, capable de capter le zeitgest. Un lieu où s’opère en coulisse les changements de l’époque. Et prouve, une nouvelle fois, combien l’idée de baser une œuvre politique au sein d’une agence de publicité, est d’une redoutable efficacité. Pouls de la société, indications des modifications comportementaux ou intellectuelles. Quand les Etats-Unis ne se construisent pas uniquement dans le bureau ovale, mais dans les salons de quelques publicitaires « fous » de Madison Avenue.
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