Hero Corp, saison 02 : Le plein de Super

Hero Corp, saison 02 : Le plein de Super

En schématisant au maximum la critique, on pourrait la résumer à une seule phrase : Cette seconde saison corrige les défauts de la première et entretient ses qualités. Le résultat affiche encore quelques imperfections, mais le bond qualitatif est énorme. La série ne se cache plus derrière un humour aussi frontal que maladroit et assume sa condition de série de super-héros à la française. Il faut avouer que notre culture nationale à ce propos est bien maigre. La bande dessiné française (par extension, on pourrait l’étendre à la catégorie franco-belge) a accouché de nombreux héros, mais aucun qui ne supportent l’adjectif « super » au sens américain du terme. Pas de honte à avoir (surtout compte tenu de notre production locale), car le comic reste un genre issu et encré dans la culture américaine.

Comme affirmé en prélude, cette nouvelle livraison de Simon Astier gomme de nombreux défauts de la première saison. Un récit bien mieux équilibré, plus dense, qui affiche une vraie ambition narratrice. La saison n’est plus construite en tableaux plus ou moins indépendants soulignés par un léger fil rouge, mais s’étale sur toute la longueur, ne ménageant pas cliffhanger, révélations, tout en maintenant une forme thématique lié au format de l’épisode. La série gagne une unité, d’une forme réfléchie et pensée comme telle. La progression dramatique encourage la fidélisation du spectateur. On en vient à repenser la première saison comme un laboratoire, un immense essai grandeur nature dans lequel on mesurait, testait différentes formules au petit bonheur la chance. A ce titre, la seconde saison devient un travail plus consistant, réfléchie. D’un auteur qui a trouvé sa formule et délivre un résultat à la hauteur des attentes.

Avec cette seconde saison, on a un peu l’impression d’assister à une (re)naissance. D’une série qui assume (enfin) sa part super-héroïque, sans se cacher derrière un humour envahissant. Enjeux dramatiques posés dès les premiers épisodes, traitement sérieux de la menace, tout comme de la condition de fugitifs, la mise en place d’une intrigue permet de développer des thèmes autrement plus ambitieux. Et l’humour s’invite dans ce contexte par une utilisation plus subtile, même si l’on reste dans un genre parodique. L’utilisation de la comédie permet une approche thématique intéressante qui nourrit la série depuis sa création. Dans sa présentation, la série rend hommage aux comics américains. Pour ensuite déconstruire le mythe super-héroïque, ou du moins, apporter une variation dans son application.

C’est le principal point fort de cette saison et ce qui manquait à la précédente : L’humour est appliqué avec pertinence, soulignant une situation. Il ne devient plus ce moteur narratif, mais extirpe la séquence d’un sérieux perfectible. Simon Astier a décidé de poser une vraie intrigue. Et c’est dans ce contexte défini et dramatique que s’exerce la comédie. Ainsi, on se retrouve avec des séquences typiques du genre, qu’un dialogue va désamorcer pour en souligner le caractère un peu ridicule. Hero Corp invite le spectateur à rouvrir ses vieux comics pour se moquer de dialogues grandiloquents qui relèvent très souvent d’une absurde évidence. Astier pratique alors un détournement pragmatique, qui tourne en dérision le genre, sans jamais le réduire ou minimiser ses qualités. Un travail de passionné, qui possède le recul et la culture du mythe super-héroïque pour servir un détournement intelligent.

Fluidité du récit, humour qui fait mouche et une réalisation encore un peu rigide mais qui parvient à se sortir de la mécanique champ/contrechamp, Simon Astier a tenu compte des erreurs du passé pour délivrer une seconde saison de sa série à un niveau bien supérieur. Sous couvert, on découvre une vision intelligente du genre, sorte de déconstruction parodique avec en substance une légère saveur de revanche nationaliste (le super-héros à la française). La saison s’achève sur un cliffhanger alléchant et laisse ouverte des storylines toutes aussi prometteuses. On n’affirmait pas cela auparavant, mais on peut le dire aujourd’hui : Vivement la prochaine saison.

Source de l'image : Hero Corp - France

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