Grey’s Anatomy 06×23 : Sanctuary ; 06×24 : Death and All His Friends

Grey’s Anatomy 06×23 : Sanctuary ; 06×24 : Death and All His Friends

Shonda Rhimes a bien compris l’intérêt de soigner ses season finale. Ce dernier épisode de l’année, celui qui génèrera l’attente future et celui que l’on retiendra de la saison passée. Sorte de sésame et mea culpa (la moribonde cinquième saison sauvée du naufrage par son season finale). Les saisons de Grey’s Anatomy ne sont pas architecturées pour se conclure en un (ou un double) épisode. La construction suivrait le cours d’une rivière, et sa conclusion comme un simple virage, au pire, l’intersection d’un affluant. Il n’existe pas d’attente caractérisée. Une seule certitude : celui d’avoir un épisode phénomène. Quelque chose de plus grand, plus intense. Et cette année ne déroge pas à la règle.

Après sa diffusion, les réactions n’ont pas trainé sur la toile. Liesse quasi générale pour un épisode qui en met plein la vue pendant une heure et demi. On loue le travaille de Rhimes, crie au meilleur épisode de la saison, on chante l’intensité impressionnante, le suspense intolérable, l’émotion à fleur de peau, les larmes, les cris, les peurs, les hurlements de désespoir ou de joie. Un vivier foisonnant qui se déploie en cercle concentrique comme une pierre jetée dans une mare ou un son en écho. Bien sûr, on entendra s’élever quelques voix contraires, réfractaires à l’engouement générale. Des voix auxquels Lucarne va se joindre. Pas forcément pour critiquer un épisode efficace dans son style, mais pour minimiser ses qualités.

Parce que l’on ne peut s’empêcher de trouver tout cela un peu facile. Comme du sensationnalisme primaire, basique et frontal. Du contexte (une prise d’otage), Rhimes génère toute une série d’évènements classiques au déroulement plus ou moins formaté. On reconnaîtra la violence froide et brutale des premières exécutions. Les plus beaux moments de l’épisode. Cette façon de limiter un personnage à une vulgaire enveloppe de chair. D’observer la fragilité de l’être humain face à un homme armé, en colère, qui ne tremble pas au moment de tirer. En dehors de cet aspect violent, qui choque dans une série qui a fait du sentimentalisme son fond de commerce, on assiste aux envolés lyrico-hystériques, aux monologues génériques, au suspense un peu facile. Toute l’armada d’une prise d’otage à la télévision. Avec son lot d’invraisemblances (aisément pardonnables) et moments chocs.

Bien sûr, quelques desseins sous-entendus se cachent dans ce season finale. On profite de la tension psychodramatique pour régler quelques storylines en cours (Arizona/Callie, le triangle Christina/Owen/Teddy) et surtout, on opère un nettoyage dans les personnages récemment importés. Pas tant sur le nombre, deux sur quatre (50% de perte, tout de même), mais sur la manière : implacable, sans espoir. Sorte d’épuration ethnique, balayage sans pitié, comme une façon de dire que l’on a introduit trop de nouveaux personnages (inutiles) et qu’un retour à une dimension moindre est de rigueur. Dans le même genre, on pensera à la récente annonce concernant un des (nouveaux) personnages de CSI Miami (saison 08) qui ne reviendra pas non plus à la rentrée. Dans un tout autre univers, on imaginera un parallèle forcé avec House of M d’X Men. Le plus grand génocide artistique connu à ce jour.

Ce double épisode devient, finalement, autant un geste artistique qu’un geste comptable. Coupe budgétaire (trop de personnages réguliers = trop de salaires à sortir) que l’on met en scène avec juste un soupçon de métaphore (l’exécution devient symbolique) pour « scénariser » l’action. Injection de réalisme contractuel dans le tissu dramatique pour organiser son final explosif. Une façon comme une autre de trouver l’inspiration. Cela se traduit par un épisode au rythme soutenu quasi impeccable. Où s’organise la dramaturgie dans un contexte sous tension. On félicite le résultat pour son efficacité indéniable. On regrettera un travail un peu paresseux et besogneux qui se limite à des effets chocs et pauses larmoyantes. Quand la facilité tait son nom et essaie de se faire passer pour de l’audace en accumulant les corps.

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  2. Grey’s Anatomy 06×05 : Invasion