Adaptation libre de la vie du multimillionnaire Bobby Sager devenu philanthrope.
Le nom de Tom Fontana résonne encore dans l’esprit des sériephiles. Avec Homicide et Oz à son tableau de chasse, l’auteur américain est parvenu à une renommée méritée, dont il a eu du mal à négocier le virage (le flop Bedforf Diaries). Et ce n’est pas The Philanthropist qui semble corriger le tir. La série a tout du projet maudit. Maintes fois annoncées, puis annulée ou repoussée. Fontana prit même la porte pour ensuite revenir. Le show trouve finalement sa place dans la grille d’été de NBC.
La série s’offre un casting quatre étoiles : James Purefoy (Rome), Neve Campbell (Party of five, Scream), Jesse L. Martin (Law & Order), Michael K. Williams (The Wire). Jolie brochette de têtes connues, dont le talent n’est plus à démontrer.
Après vision du pilot, le couperet tombe. Comme au football, l’association des meilleurs noms n’offrent pas toujours (rarement en fait) les meilleurs résultats.
Avec un tel sujet, on ne s’attendait pas à un traitement aussi consensuel et complaisant de la part de Fontana. On respire la bonne grosse morale américaine. Celle qui frôle l’hypocrisie. Le tableau est limpide : Un successfull CEO, cynique, Don Juan, se découvre l’âme d’un philanthrope en deux temps, la mort de son fils (premier trauma) et la vision d’un petit africain pris dans la tourmente d’une tempête et laissé à l’abandon (second trauma). En route vers les chemins de la rédemption. Première étape, on sauve le gamin de la noyade, seconde étape, on doit récupérer un vaccin pour sauver un petit village nigérien. Et toute l’histoire de The Philanthropist de se résumer par l’homme blanc occidental et riche venu sauver le tiers monde. On peut ainsi jouir de sa richesse capitaliste en ayant la conscience claire. On dort certainement mieux la nuit.
Le show se joue donc globe trotter (Nigéria dans le pilot, Birmanie dans le second,…), abusant de clichés pour mettre en scène la pauvreté de ces pays. Le Nigéria est beau avec toutes ces couleurs, ces marchés (réalisation clipesque à l’appuie), mais sa population endure la pauvreté ; la Birmanie souffre de l’omniprésence militaire. Très carte postale de l’UNICEF (sans l’enjeu au bout). Le grand Teddy Rist bataille ainsi contre l’ordre établi, son argent lui permettant d’ouvrir toutes portes, avec une facilité impressionnante. On réussit à choper un hélicoptère en trois minutes, montre en main. Ces vides scénaristiques, censés démontrer l’urgence, rendent le show plus surréaliste encore. Tout va trop vite, on n’y croit pas une seconde. A l’image de la barmaid du pilot à qui Rist raconte son histoire (procédé narratif lourd et inutile qui deviendra gimmick puisqu’utiliser dans un autre contexte l’épisode suivant).
La seule grande idée de la production aura été de donner le rôle de Rist à James Purefoy. Difficile de ne pas voir la prolongation évidente de son Marc-Antoine (in Rome). Il possède l’aura et le charisme pour donner vie à ce genre de personnage, et sa prestation n’est pas loin d’évoquer le perfide homme de la Rome antique. Purefoy accapare tellement l’attention (scénaristes comme spectateurs) que les autres personnages (malgré le prestige de leur nom) n’existe plus. Frustrant de voir reléguer au fond de l’image Dax, l’homme de main chargé de la sécurité de Rist (campé par Williams, inoubliable en Omar dans The Wire).
Le retour de Fontana sur les écrans s’avère catastrophique. On imaginait une série qui mette un joli coup de pied dans la fourmilière du capitalisme et ses grands patrons, comme celui d’Oz dans la politique carcérale. On aura finalement droit à une petite tape sur la tête en guise d’avertissement et une jolie morale pour enrober le tout. Autant dire que la déception est grande…
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