Dans le focus consacré à la série, on annonçait (sans trop prendre de risques) la catastrophe à venir. Sentiment confirmé après les huit épisodes que constitue cette saison. On pourrait même ajouter que c’est probablement la pire chose que l’on ait vu à la télévision cette année (2008/2009).
La sentence peut paraître sévère, mais la série jouait avec un sujet dangereux. Surtout venant d’une production américaine. Au choix, on pouvait avoir un programme intelligent qui décide de mettre le doigt là où cela fait mal (dans un pur élan masochiste et suicidaire), ou bien brosser le public dans le sens du poil et surtout ne froisser personne, au risque de perdre toute crédibilité. Consensualisme puant, où le riche américain blanc (mais son meilleur ami et co-président est noir) vole au secours du tiers monde pour le bien de l’humanité (et selon les besoins de sa compagnie).
Car Teddy Rist ne pointe pas du doigt sur une mappemonde pour savoir dans quel endroit on a le plus besoins de lui. Il se rend là où le porte les marchés et les affaires (béni soit le mondialisme, c’est par lui que l’on vaincra la pauvreté). Sur place, il aidera une personne (ou une famille) et trouvera une solution pour rendre le quotidien meilleur. Quitte à régler des conflits vieux de dizaines d’années en deux jours (ouverture d’une frontière pakistano-indienne au Cashmere (01×07 : Kashmir) grâce à un camion de flotte, réconciliation entre Albanais et Serbes au Kossovo (01×05 : Kossovo) grâce à la création d’une entreprise sur place). Ainsi, la série voudrait nous faire croire qu’avec trois fois rien, on pourrait rétablir la paix dans le monde. Pour cela un remède miracle : Teddy Rist. Mais il n’assure pas le service après vente, et le show ne nous dira pas si tout va toujours aussi bien dans le monde après son départ.
A ce petit jeu, The Philanthropist deviendrait presque dangereuse. Parce qu’avec un discours aussi démagogique, on tente de nous vendre une pacification du monde à l’échelle américaine en implantant des filiales un peu partout. Politique de l’envahisseur passif, charge d’un pro-américanisme primaire, justifié par une belle morale qui voudrait nous vendre les bonnes intentions de ses actions. Les auteurs iront même jusqu’à nous mettre en scène le propre procès de la série (01×07 : Kashmir) en donnant le (mauvais) rôle à un odieux et égocentrique présentateur d’une vulgaire émission de radio. Jeu pipé (et pour cause) et effet contraire à celui désiré dans cette mascarade. La série devient plus détestable.
On n’imaginait pas tomber aussi bas dans la promotion d’une pensée capitaliste qui tait son nom au profit de la philanthropie. Dans la simplification de problèmes complexe résolus avec trois poignets de main et le sourire charmeur de James Purefoy. Pur produit pour consommateur ignare, persuadé de voir en Teddy Rist le nouveau grand héro américain. Seul aveu sincère (involontaire ?) de la série : démontrer que ce sont les multinationales qui tiennent les rênes du monde, et non les gouvernements. La saison s’achève sur un dîner/gala (une simple et petite ration de riz, pour montrer que des gens meurent de fin à Haïti) où de grands noms sont invités, et un Teddy au centre de la pièce, demander par quel bout peut-on commencer pour sauver le monde ? Une main se lève, mais on ne saura pas la réponse. C’est peut-être mieux ainsi…
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