La dernière image de la troisième saison montrait Tami et Eric au milieu du terrain des Lions, l’équipe d’East Dillon. Un terrain délabré, à la pelouse éparse et jaunie par le soleil du Texas et l’absence d’entretien. Avant l’annonce d’un renouvellement miraculeux de la série (pour deux saisons supplémentaires), on voyait dans cette image, la parfaite conclusion. Celle d’un cycle qui se termine (par les départs de Jason, Smash et Riggins) et d’un autre qui commence, laissé à l’imagination du spectateur. Ce dernier n’aura pas à réaliser l’effort, la conclusion se transforme en transition.
Hasard de l’actualité, la diffusion de ce pilot coïncide peu ou prou à la célébration des vingt ans de la chute du mur de Berlin. Evènement totalement fortuit dans l’imagination des scénaristes, mais puisqu’il est question de séparation (symbolique) aux pôles cardinaux opposés (Est contre Ouest), où l’Est figure le parent pauvre, le parallèle est facile. On découvre cette partie de la ville par ce qui fait son identité : son terrain de football et ses équipements. De la ridicule tribune au tableau d’affichage, des vestiaires insalubres au raton laveur résident, la réalité est dure à admettre. Et prendra une forme vindicative quand Tami est apostrophée lors de son discours de rentrée par des parents colériques qui voit dans ce découpage une forme de ségrégation (« Mettrez-vous votre fille dans cette école ? »).
On avait subi le racisme de Dillon par l’intermédiaire de Smash. Effet légèrement altéré par son statut de star du football. Centré sur West Dillon et ses Panthers, on ne connaissait peu (ou pas) les quartiers défavorisés de la ville. Difficile de savoir si le redécoupage amorcé en saison trois était voulu comme un vrai prélude à ce nouveau chapitre ou s’il se voyait conclusion de l’Histoire, mais il permet à la série de rebondir intelligemment en offrant un point de vue frais sur un univers dont on avait fait le tour. Surtout, il permet de redéfinir la thématique du show, avec toujours au programme, cette volonté de faire du football une métaphore sociale du fonctionnement de la ville. Après les riches et blancs Panthers de West Dillon, place aux pauvres et noirs Lions d’East Dillon.
Si ce season premiere semble (re)mettre Coach Taylor au centre de l’échiquier, on retrouve néanmoins certains visages familiers. De Matt Saracen, devenu livreur de pizza (déchéance du jeune sportif) à Landry au sein des Lions (et joueur le plus expérimenté), on voit comme le revers du rêve précédent, qui les plaçait en divinité locale promis à un brillant avenir. Dur retour à la réalité, comme Riggins qui balance ses livres et son sac sur le chemin du retour à la maison (nouvel échec). L’euphorie retombée, place à la réalité et son quotidien (limite) anxiogène. De ces petites villes-prison (Saracen, Riggins ne peuvent/veulent en sortir), qui vivent au rythme des matchs.
Et le match du vendredi soir se conjuguera au pluriel dorénavant. Ils constituent la fin de cet épisode avec la première rencontre des Lions. Un match qui se transformera en bain de sang pour les pauvres félins. A la mi-temps, présentation des corps battus, couverts d’ecchymoses, de plaies, de sang. Une entorse à une cheville, une dent qui menace de tomber. Et un premier échec qui sonne comme une punition pour Eric Taylor, forcé d’abandonner et déclarer forfait. L’année s’annonce rude et violente. Et Peter Berg de réussir le pari de rebondir après cette image qui sonnait vraiment comme une conclusion.
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