Coupes budgétaires. Unique condition au renouvellement de la série pour une quatrième et cinquième saison. Emporté par la bonne nouvelle, cette exigence du network est passée en second plan. Et avec, cette question : La série allait-elle conserver son identité visuelle ?
Friday Night Lights, si elle ne fait pas beaucoup parler d’elle (malgré la présence de Peter Berg au générique et son origine cinématographique), peut prétendre au titre honorifique d’une des plus belles (au sens esthétique) séries de la télévision américaine. Soin apporté à la réalisation, au cadrage, à la photo, pour reproduire une vision du Texas, loin des images d’Epinal. Bien sûr, on retrouve les paysages typiques, ces champs à perte de vue, cet horizon libéré. Mais le soleil se montre timide, les nuages nombreux et la pluie régulière.
Après seulement deux épisodes, nous voilà rassuré : Non seulement la série n’a rien perdu de sa superbe, mais elle continue de nous surprendre sur tous les tableaux (esthétique et dramatique). De cette beauté brute du plan, cadre libre et très travaillé, on retiendra ces images magnifiques d’un Riggins réveillé au soleil levant. Lumière splendide et caméra qui se dérobe. Et de montrer ensuite le plan d’ensemble : un pick up et pour seul décors, le paysage minimaliste d’un espace vide et sans limite.
Autre moment choisi : Celui d’une équipe qui exorcise la défaite. Réunis autour d’un feu purificateur, les Lions d’East Dillon jettent leur maillot maculé de sang, de sueur et de boue et regardent s’élever les flammes de leur débâcle. Succession de plans serrés sur les visages, les gestes et plan d’ensemble d’une équipe pour la première fois regroupée. Eclairage minimaliste, halo lumineux provenant du feu pour seule source de lumière. On ressent un léger côté tribal dans cette cérémonie. Celle d’un coach qui s’excuse et d’une équipe qui se forme. Témoignage d’humilité et désir de (re)partir sur de bonnes bases.
Inscrire les aléas financiers d’une série au sein même de sa dramaturgie est devenue une mode. Passage obligé en ces temps de crises financières. Grey’s Anatomy en a fait un arc majeur de sa sixième saison, 30 Rock l’indique au menu de sa quatrième saison, sans compter les mentions ponctuelles dans d’autres shows. Difficile d’imaginer que ce soudain intérêt pour la classe pauvre de Dillon ne soit pas motivé par les contextes économiques de la chaîne et du pays. Et de cette situation, les scénaristes tirent une évolution inspirée. Nouvelle dimension politique avec les mentions répétées au découpage de Dillon. Manipulation des riches pour conserver les meilleurs joueurs parmi les Panthers. Source de scènes magnifiques : L’annonce de Tami à Luke, la dispute entre Tami et Eric, la confrontation Tami et McKoy devant l’assemblée des Panthers. Vision de la communauté noire et pauvre d’East Dillon. La mère de Vince shootée au crack (?), la jeune Jess, son vélo écrasé par Landry, son travail dans un fast-food. Et pour faire le lien entre les saisons, Tim Riggins. Façon d’incarné un âge d’or révolu et un présent dépressif. Les scénaristes ont ainsi trouvé un filon qu’ils vont certainement exploiter tout au long de la (les ?) saison(s).
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