Qu’avons-nous vu jusqu’à présent ? Pas grand-chose. Revers de la médaille des séries feuilletonnantes dépendante de son pitch. Ne rien dévoiler, faire durer le suspense. Et préserver son espérance de vie. Savoir trouver la limite entre la temporisation et l’étirement. Garder intact l’intérêt du spectateur, être avare en informations importantes. Détourner l’attention. Faire patienter. Un travail constant sur la notion d’équilibre. Se poser les bonnes questions : qu’est ce qui fait avancer le récit ? Le grand mystère ou les personnages ? Un peu des deux ?
Septième épisode. Saison arrivé à son premier tiers. Premier constat : les scénaristes se perdent déjà en circonvolutions inutiles. Ce qui arrive dans cet épisode, l’axe important, aurait du apparaître beaucoup plus tôt. En troisième ou quatrième épisode. Le show repose sur deux éléments primordiaux : Le mystère du blackout et vivre avec une portion connue de son futur. Du mystère, on ne sait toujours pas grand-chose, mais cela restait prévisible (encore qu’il y a des choses à reprocher à ce niveau). De l’autre élément, les auteurs cafouillent, bredouillent les mêmes divagations à la portée quasi nulle. Résultat : un récit plombé par des personnages fades aux questionnements stériles.
Jusqu’à cet épisode, qui met en branle l’architecture des convictions du flash-forward. Si la question peut-on changer son futur ? revenait régulièrement (le couple Benford, Demetri), aucune action concrète ne venait étayer ce propos. On assiste, dans cet épisode, au premier cas de détournement de futur. Changer son récit devient possible. On braconne ainsi sur les terres du libre-arbitre. Et pour mettre en pratique cette affirmation, utiliser un pur moment opératique. Façon image choc aux conséquences lourdes pour les personnages et mélo inépuisable pour les spectateurs. Poésie du sacrifice, symbolique sur l’envol rédempteur. Effet garanti.
On attendait ce moment. Sans pouvoir deviner le contexte, on n’est pas surpris par le choix des scénaristes. Quel meilleur moyen que le sacrifice pour justifier un changement temporel ? Bien sûr l’aspect mélo, dispensable, surligne un peu trop le résultat (et verse dans le lacrymale), mais c’est un écueil que l’on est prêt à accepter. Le principal problème reste dans le timing. Attendre aussi longtemps avant d’offrir cet évènement revient à réduire sa portée, à aspirer toute la puissance dramatique. Ainsi étouffé, l’effet perd de sa valeur et le spectateur, exaspéré par tant d’attente, de minimiser l’importance de l’acte.
On soupçonne cette mauvaise appréciation dans la gestion des évènements de revenir hanter cette saison. Quand on joue ainsi avec le temps (et tous ces micro-paradoxes potentiels), le timing devient un élément important, voire essentiel. Ironie du sort, malgré la connaissance d’une partie du futur, les scénaristes semblent autant avancer dans l’ombre que leurs principaux personnages. Le découpage du livre, l’adaptation au format série semblent poser quelques problèmes. Exemple le plus probant avec cet épisode, sans mentionner tous les petits détails agaçants débusqués ça et là dans les épisodes précédents.
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