Dans une rentrée série un peu terne, il fallait bien trouver un maillon plus brillant que les autres, capable de fournir du buzz pendant les premières semaines de sa diffusion, et espérer (c’est le but) créer l’engouement (inter)nationale pour devenir la nouvelle-série-dont-tout-le-monde-parle. L’exercice avait commencé en amont, pendant l’été, avec la diffusion de spots promotionnels intelligents (tout l’art du teasing) dans le concept (en rapport avec le show, bien sûr) et cette phrase qui revenait sans cesse : What did you see ? On devine bien la volonté d’ABC, de promouvoir autant cette nouvelle production, show feuilletonnant (un concept qui se perd), reposant sur un mystère à élucider. L’année 2010 viendra mettre un terme à l’aventure Lost. Et le network avait bien besoins d’un nouveau prétendant.
On peut dire qu’ABC a trouvé un sujet en or et le parfait véhicule pour y déverser un torrent de publicités, produits dérivés,… (dans la mesure où la série parvient à accrocher le public). Depuis Heroes, on n’avait pas vu se déchaîner autant de concepts adjuvant au show. Création de sites dédiés (la fameuse mosaïque) à (très) grande échelle, la chaîne mise énormément sur une publicité virale typée web 2.0 pour accoucher de la nouvelle usine à buzz, capable d’entraîner dans sa ronde, les fans compulsifs et ceux plus dilettantes et simplement curieux.
Et l’aspect artistique (comprendre la série elle-même) ? Justement, il passe un peu au second plan. On retiendra surtout cette faculté d’orchestrer un hit à longue persistance. De la mise en place du mystère (Blackout, qui ? Pourquoi ? ; les visions des 2’17 du futur vont-elles se réaliser ?..) à cette phrase, gimmick avant même que le show n’ait commencé : « What did you see ? » C’est encore à Heroes que l’on pense et son « Save the chearleeder, save the world ». Seulement, à l’avantage du show de NBC, cette accroche était partie prenante du scénario, véritable but dramatique et cœur de l’intrigue. Dans FlashForward, cette tag line semble davantage provenir du pôle commercial que celui artistique. Sur toutes les lèvres (spectateurs comme personnages) afin de créer une émulation, genre slogan universelle déclinable de multiples façons.
FlashForward possède suffisamment de professionnalisme pour enrober son pilot de substance, personnages charismatiques et situations spectaculaires, où la mise en place du mystère, rapide dans l’exécution, permet de se consacrer aux choses sérieuses sans perdre de temps. Et dans un même mouvement, convoquer intrigue à échelle mondiale (mode macro), et petite intrigues familiales (mode micro). Parfaite balance pour intéresser un maximum de monde. Où la cible visée est large (encore cette impression de mainmise marketing sur le show) et à géométrie variable. L’ensemble paraît encore artificiel, trop « orchestré », mais le mystère, imparable et efficace (à l’image des dernières minutes du pilot, les plus belles, intéressantes et inquiétantes) apportera la dose nécessaire pour se replonger dans l’aventure.
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