V 01×01 : Pilot

V 01×01 : Pilot

V, ses extraterrestres reptiliens gobeurs de souris, ses costumes rouges, ses petites navettes blanches, ses pistolet laser, sa métaphore du nazisme, l’occupation, la résistance, la collaboration et surtout, le kitch. Dans l’inconscient collectif de toute une génération, V a marqué les esprits. L’idée d’un remake, dans un contexte post 9/11, semble une bonne idée. De la même façon qu’un Battlestar Galactica (BSG pour les intimes) a dépoussiéré un classique kitch de la science-fiction de la plus belle des manières pour devenir ce monument télévisuel. Seulement ABC et Scott Peters (déjà remplacé par Scott Rosenbaum) n’ont pas les mêmes ambitions de Ron D. Moore et SyFy.

Le point de départ n’a pas changé. Des vaisseaux extraterrestres apparaissent au dessus des plus grandes villes du monde. Et délivrent le même message : « We are of peace. Always. » en version multilingue. De l’importance de cette découverte, de ses enjeux politiques ou spirituels, on n’en saura rien. Quelques images de liesse, un dialogue sur la position du Vatican, vite évacués. Des églises qui se remplissent, la suspicion paranoïaque contre l’aveuglement béat. Quelques bribes sans saveurs, sans épaisseurs, qui ne font qu’effleurer le thème. Là où l’originale prenait son temps, posait les enjeux d’une telle découverte, le remake passe en mode avance rapide.

Cette accélération entraîne une perte fatale de l’intérêt porté aux situations comme aux personnages. Stéréotypes cuisinés à toutes les sauces pour pallier le manque de consistance, des enchaînements sans cohérence, facilités scénaristiques pour gonfler artificiellement le rythme et une progression beaucoup trop expéditive. En quelques minutes, on passe d’une des plus grandes découvertes de l’histoire de l’humanité aux prémisses de l’occupation (jeunesse embrigadée) et de la résistance (toute la fin de l’épisode). Les auteurs, certainement trop sûrs d’eux et de l’effet nostalgie obligée, balancent avec nonchalance leurs informations, et laissent les souvenirs du spectateur effectuer le reste. Jouant aux jeux des sept erreurs, avec ce soupçon de félicitation à chaque analogie. Un peu vaine et très régressive attitude.

On en viendrait à voir dans cette précipitation un sous entendu politique sur la nature de notre époque. Où le quotidien est constitué de micro-embrasements médiatiques à persistance faible. Où notre capacité d’attention, jugée très courte, oblige à renouveler sans cesse l’information au risque de perdre le public/client. Alors les auteurs déversent, sans valorisation, leurs évènements. Au risque de perdre toute consistance. Et de rater (pour ainsi dire) toutes annonces chocs (la sleeper cell, information primordiale puisque non-présente dans l’originale).

Reste une image qui devrait marquer les esprits. Un visage qui apparait dans le ciel. Et pas n’importe quel visage. Morena Baccarin prête ses traits au personnage d’Anna (la nouvelle version de Diana). Pureté des contours, à la perfection inquiétante. Presque figé, impassible et indéchiffrable. Tour à tour séduisant et menaçant. La plus belle séquence de ce pilot prend (étrangement) son temps. Une scène en suspension (dans tous les sens du terme).

Rendez-vous manqué pour les retrouvailles avec les Visiteurs. En espérant que cette version digest de l’original n’a pour unique but de célébrer la nostalgie une bonne fois pour toute, afin d’emprunter un tout autre chemin dans son développement. Les auteurs ont déjà troqué la vision du nazisme pour celle du terrorisme. On reste curieux de voir comment la série va évoluer sur ce thème et les autres.

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