The Forgotten 01×01 : Pilot

The Forgotten 01×01 : Pilot

Nouvelle planète de la galaxie Bruckheimer, The Forgotten, sans en modifier la nature, dévie la recette et fournit un résultat encore perfectible, mais intéressant à développer.

Pour comparer, le groupe Forgotten serait un peu le Millennium du pauvre. A savoir des messieurs et mesdames tout-le-monde, bénévoles, qui enquêtent sur des affaires gelées par la police (fautes d’indices), sur leur temps libre. Où il est question de découvrir, avant tout, l’identité de la victime.  « On n’est pas là pour faire des arrestations », entend-on dans ce pilot. Avec les moyens du bord (vive internet !), mené par un ancien flic (Christian Slater), ils tenteront de prendre la relève d’une police surmenée, qui laisse tomber des affaires faute de mieux.

Pour la première fois, ce ne sont pas des policiers (ou agents du FBI) les personnages principaux d’un show Bruckheimer. Si l’on reste sur le terrain balisé de la série policière, de prendre des quidams (à une exception près), permet de transformer la dynamique. Où les pseudo-enquêteurs luttent autant contre les maigres indices, que devant la désaffection des personnes interrogées, frileuses de devoir répondre à des questions à des inconnus non badgés. Autre changement, il ne s’agit plus de concevoir des personnages-objets, sans incarnation autre que professionnelle. C’est au contraire sur leur temps libre, qu’ils doivent résoudre les enquêtes. Leur métier est relégué à l’état alimentaire. La séquence de rassemblement ressemble beaucoup aux convocations de Mask (le dessin-animé). Le SMS remplace le signal sur la montre, et les membres reçoivent l’information directement sur leur lieu de travail (la série ne dit pas s’ils le quittent ou attendent la fin de la journée). Cet emploi est même désavoué par l’illustration de l’open-space en mode aliénation (la jeune femme est seule dans son box, pendant que ses collègues célèbrent quelque chose).

Il sera intéressant de voir comment (ou si) se développera ce rapport entre les deux professions, comment conjuguer ces différents pôles d’attention. Un élément qui parait inchangé : l’absence de vie privée, en dehors du groupe Forgotten. Les personnages semblent célibataires et l’on ne verra rien de leur vie. Tout juste quelques informations verbales jetées en quelques lignes de dialogues, histoire d’apporter un peu de substance.

L’enquête de ce pilot reprend un peu le schéma de Without a Trace. A savoir, recomposer les derniers instants d’une vie avec une poignée d’indices. Un travail de reconstruction, avec comme difficultés supplémentaires : l’absence d’identité de la victime et la maigreur des moyens. Se pose alors la question de notre identité et ce qui la compose. Un tatouage, une coupe de cheveu, les vêtements. Caractérisation schématique mais nécessaire quand il s’agit de redéfinir une personnalité, une existence à travers ses détails les plus (ou moins) anodins. Dans l’univers (généralement) superficiel des productions Bruckheimer (et les séries créées par David Cannon, un habitué), cette position affiche une conviction supplémentaire des choix thématiques et de la réalisation de ses shows. Avec une (autre) distinction : la voix off de la « victime de la semaine », nouvelle emprunte d’humanité (le défunt n’est plus qu’un simple corps, mais une personne) et clin d’œil au network (ABC) qui diffuse la série et qui, semble-t-il, apprécie ce gimmick (Desperate Housewives, Grey’s Anatomy, dernièrement Eastwick…).

La caractérisation schématique des différents personnages ne nous donnent pas, au cours de ce pilot, une matière suffisante pour que l’on se sente concerné par leur enquête. La voix off donne dans le superficielle, et son ton, très émotif, ne se sort pas d’un sentimentalisme niais. Toutefois, l’idée de para-enquêteurs non-professionnels possède un vrai potentiel, aussi bien dramatique que thématique. Et l’idée (même si on doute de sa pleine exploitation) d’un groupe national (Forgotten s’étend sur tout le territoire américain) accentue cette impression. Encore quelques écrous à ajuster pour permettre à la machine de fonctionner à plein régime et livrer ce show qui pourrait affirmer un léger virage de l’œuvre du nabab américain.

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