L’écurie Bruckheimer quitte CBS pour investir le câble et sa chaîne TNT (The Closer, Saving Grace). Dark Blue, créé par Danny Cannon (un fidèle du producteur, puisqu’on le retrouve aux génériques de CSI, CSI Miami, CSI NY, Eleventh Hour et, à la rentrée 2009, The Forgotten) et Doug Jung (Big Love), est une série policière d’infiltration, rappelant The Beast (le show avec Patrick Swayze) : Carter Shaw (Dylan McDermott, vu dans The Practice), est à la tête d’une équipe underground, menant des enquêtes sous couverture.
Le pilot (et la série ?) est placé sous le signe du sombre. Les eaux plus permissives du câble semblent motiver cette orientation. Comment comprendre, autrement, cette complaisance à souligner chaque trait, à forcer le style ? Tout se joue dès les premières minutes : séquence de torture électrique en guise d’ouverture, apparition de Shaw, avec ses lunettes de soleil, ses fringues froissées, sa barbe de trois jours, et la réflexion sur le fait d’être debout si tôt dans la journée. On ajoutera, en guise de conclusion, un petit tour des différents secrets/traumas de l’équipe, et aboutit au label « ténébreux » tatoué à chaque image.
Pour une première enquête, les auteurs choisissent la facilité : Un flic infiltré passé du côté obscur… ou pas ? Thème type du genre, du cinéma à la série policière (le temps d’un ou deux épisodes). On retrouve la lutte des juridictions, des conflits de services (flics vs FBI), et un final prévisible et couard. Voire lâche, car il sacrifie un fil rouge au potentiel bien séduisant. On veut épouser la forme de la série policière sombre. En prendre les contours. Mais sans sauter le pas. The Shield a enfanté des petits héritiers qui ne s’assument pas (après The Beast, qui entretient de nombreux (et mauvais) point communs avec Dark Blue).
Une introduction guère convaincante, qui, si elle bénéficie des moyens et du professionnalisme de Bruckheimer (belle photo, réalisation carrée, rythme nerveux), rappelle le spectre de The Beast (pauvreté des scripts, personnages monolithes) et non celui de l’autre (et seule) grande série d’infiltration Sleeper Cell.
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