Pour une fois, le marketing a vu juste. Defying Gravity, coproduction américano-canadienne, est vendu comme un Grey’s Anatomy dans l’espace. Où l’esprit prépondérant est capté en une seule phrase. Un groupe de scientifiques et astronautes est choisi pour une mission de six ans où ils devront visiter les planètes du système solaire. Hommes et femmes dans un milieu clos. Spectre des real-tv, comme Virtuality l’avait tenté un peu plus tôt.
Créé par James D. Parriott (producteur exécutif sur Grey’s Anatomy, Sons of Anarchy, Dark Skies…), Defying Gravity ne cache jamais son ambition. Ces hommes et femmes seront de la chaire à soap. Et l’aventure spatiale servira de décors aux relations passées et à venir. Comme l’hôpital est un cadre actif dans Grey’s Anatomy. L’auteur nous rejoue même la relation mentor/élève. Donner/Barnes remplace Grey/Sherpard.
Construction en deux temps. La préparation de la mission en flash-back, les sélections (nouvelle référence aux téléréalités) et le quotidien dans la station spatiale (la préparation du lancement partage la moitié de ce pilot). Une structure qui s’imposera sur les premiers épisodes doit-on en déduire. Où l’on pourra ainsi faire connaissance avec les différents personnages. Encadré par Maddux Donner (Ron Livingstone, Band of Brothers), personnage titre (la voix off lui appartient), qui ouvre également ce pilot. Trauma passé (une vieille mission sur Mars), tête brûlé, qui tiendra tête autant aux journalistes insistants qu’à l’autorité. Presqu’un cliché, aujourd’hui.
On tente de nous vendre un futur (la série se déroule en 2052) très lisse. Un mystère en sous-main, dérobé dans de fugaces discussions, promptes à déclencher le suspense et l’envie. Et des personnages archétypales sorti tout droit d’un cast d’une real-tv (et pour cause). L’allemande chaudasse, le geek porn addict, l’hindou spirituel, le couple parfait, l’ingénue, le méchant boss… On imagine déjà les combinaisons, les crises existentielles sous forme de confessions face caméra (énième indice). Un univers de chaises musicales sentimentales qui risque d’atteindre l’overdose en une poignée d’épisodes.
En plaçant l’inspiration aussi en avant, Defying Gravity prend le risque de se voir confronter à son modèle sans même prendre la peine de regarder le show pour ce qu’il est. L’argument commercial se retourne contre son produit. Ne manque plus que le détournement d’une tag line célèbre : « Dans l’espace, personne ne vous entendra pleurer ». Le space soap (plus que space opera) après le soap médical. Toute reprise d’un concept approuvé ne donne pas toujours un bon résultat.
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