La seconde saison avait laissé Damages asséché, vidé de toute substance. Valorisant son aspect accessoire (le flash-forward) au dépend d’une intrigue mal construite (mais intéressante). Seule la conclusion, laissant les personnages dans des positions prometteuses, entrouvrait un futur possible. Où la série pourrait retrouver sa superbe.
Pour cette nouvelle saison, les scénaristes ont pioché dans l’actualité récente. Quand Patty Hewes récupère une affaire calquée sur l’énorme fraude de Bernard Madoff. Si d’emblée, on peut craindre une certaine obscurité pour les non-initiés (les arcanes de la finances appliqués à celle du droit américain), les possibilités et l’intérêt se marient très bien à l’univers de la série.
Ce season premiere débute par un petit récapitulatif des deux premières saisons. Très classe, composée de vignette retraçant l’histoire de la série, cette introduction met en lumière un caractère que l’on n’avait pas soupçonné : l’aspect soap du show. Recomposé en quelques minutes, ce parcours s’éclaire quand s’accumulent trahisons, meurtres, manipulation dans une sorte de grand bain opératique. Ce sentiment permet d’alléger la lourde machine, procedural complexe dans une forme qui décompose le temps pour mieux perdre le spectateur. Et pardonnent quelques exagérations scénaristiques.
On retrouve les deux continuités temporelles (gimmick du show) dans cet épisode. Réparties de façon à peu près égales. Dans les deux axes, ce season premiere dévoile déjà beaucoup de son intrigue, tout en conservant bien caché quelques non-dits (l’ellipse entre la seconde et troisième saison). Les nouveaux personnages introduits prennent pleine possession de l’épisode, au point de reléguer de façon surprenante Ellen et Patty au second plan. On reconnaîtra la grande qualité des scénaristes pour brosser des protagonistes complexes et au directeur de casting de trouver des comédiens au talent éprouvé pour les camper.
On ne va pas juger prématurément l’intrigue qui se déroule sous nos yeux. Beaucoup trop inconsistant pour établir une critique avec un minimum de recul. On sait combien les scénaristes aiment les scripts retors, nébuleux, parfois faussement complexes. Dans ce season premiere, les auteurs sont parvenus à implanter de nombreux mystères en suspend, des corrélations improbables et une révélation choc (quoiqu’un peu prévisible une fois la séquence entamée) pour conclure cette mise en place. Il semblerait que certains ajustements ont été réalisés comparé à la seconde saison. L’affaire, introduit dès le premier épisode, risque d’occuper une place nécessaire pour respirer. Le flash-forward pose des enjeux clairs et ne versent pas dans le figuratif. On retrouve même un semblant de dynamique issue de la première saison, avec inversion des rôles Patty/Ellen.
Après la débâcle de l’année passée, on attend beaucoup de cette saison, pour remettre Damages à niveau. Ce premier épisode laisse entrevoir des choses positives, correction d’erreur et ambition renouvelée. En retrouvant une affaire financière (et les motivations qui vont avec), on peut espérer retrouver l’atmosphère du cas Frobisher. On sait combien l’argent peut être un facteur déclencheur des pires malversations. Et si on ne devine pas encore pourquoi ce genre d’affaire intéresse autant Patty Hewes, on a davantage l’impression de la retrouver dans son élément que les malversations écolo-économiques de la saison précédente.
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