Mad Men 03×08 : Souvenir

Mad Men 03×08 : Souvenir

A New York en plein mois d’août, la ville se vide, la chaleur s’installe. A ce rythme un peu hésitant, où on se laisse porter par l’humeur estival, la série va s’accorder. Séquences courtes, illustratives, montage elliptique, il traine une forme d’évanescence, une retranscription narrative des effets de la chaleur. Un épisode un peu transitoire, où l’action est laissée en suspend. Sterling Cooper en vacances. La vie de bureau est désertée.

Week-end à Rome. Pour Don et Betty, ce court séjour jouera comme une thérapie de couple. Au départ, il y a le refus de Betty d’accompagner son mari. Avec trois enfants, dont un en bas âge, difficile de s’organiser au dernier moment. Mais la culpabilité aura raison de la jeune femme, après un baiser échangé avec Henry. Ce voyage à Rome devient une échappatoire. L’exutoire au quotidien vicié par les doutes, les absences, les colères ou les sous-entendus. On laisse enfants et problèmes derrière soi. Et on peut tout recommencer à zéro ou presque. Comme l’illustre la scène de la terrasse. Don et Betty jouent aux inconnus. Retrouver les joies du flirt, de la séduction. En s’appelant Souvenir, l’épisode signifie autant ce voyage à Rome que les premiers pas du couple Draper. Ou encore celui du premier baiser, dans un très bel échange entre Betty et Sally. Et qui tendrait à faire croire que le souvenir du baiser d’Henry est toujours vivace.

Avec ce voyage à Rome, la série démontre une nouvelle fois ses qualités plastiques, le soin apporté à la reconstitution. L’arrivée dans l’aéroport plante le décor. Déclaration fastueuse des intentions d’en mettre plein la vue avec ce premier plan, pour ensuite jouer la carte de la subtilité. Une vue sur la ville depuis la chambre d’un hôtel (Hilton), la terrasse d’un café et le charme de la langue italienne. La série ira pousser un mimétisme suranné en jouant avec les stéréotypes locaux de l’italien charmeur, dragueur, un peu lourd. Du travail de Don, ses rendez-vous avec Mr Hilton, on ne verra rien. La procrastination du couple intéresse davantage les scénaristes. Quand le lit devient un enjeu. On n’avait plus vu la relation Betty/Don aussi charnelle, passionnée, douce, amoureuse.

Cette ambiance idyllique trouve son opposée avec Peter, resté seul à New-York. Le jeune adulte encore trop gamin (son tempérament, ce corps frêle) usera de son « pouvoir dominateur masculin » auprès d’une jeune fille au pair. Il s’agit de révéler la psychologie du personnage à travers ses actes. L’aspect maladroit de sa personnalité, qui tente de compenser un manque d’assurance couplé à l’ambition des plus grands. Vouloir jouer dans la cour des gens importants. On voit l’image de Don se dessiner. Seulement Peter possède ce côté manipulateur (palliatif à ses complexes) qui fait de lui un être presque détestable. Petit bourgeois qui croit que le monde devrait être à ses pieds, mais qui pleure devant sa femme, incapable de garder ce secret, ou qui encaisse, penaud comme un enfant, les remontrances de son voisin.

Souvenir est un épisode qui ne fera pas avancer les storylines principales, mais approfondit la psychologie des personnages et leur relation. Le travail sur le couple Draper, la fuite à Rome possède un charme immédiat. Riche d’enseignement et tout autant capable d’une vacuité illustrative saisissante. Ne rien raconter pour capter un simple instant. Les retrouvailles intimes d’un couple au passé chargé. A l’opposé, Peter, victime de son caractère, de ses impulsions, apparait méprisable, quand bien même ses fautes cachent complexes et failles. L’épisode joue sur l’opposition des formes (Don/Peter, leur couple), sans entrer dans l’étude de mœurs, mais avec cette touche devenu identifiable. Gage de qualité.

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