Burn Notice

Burn Notice

When spies get fired, they don’t get letter from human ressources. They get burned…

Dans le genre série d’espionnage, on pensait avoir fait le tour avec Alias et sa relecture pop sous fond de drama familial. Entre Mission Impossible et le show de J.J. Abrams, difficile de trouver sa place. Matt Nix apporte peut-être la touche finale au projet d’Abrams, de déconstruire le mythe de l’espion par le second degré et l’autodérision.

Michael Westen est un employé de l’oncle Sam, qui « reçoit » en pleine mission une burn notice. Forcé de rester en ville (sous le soleil de Miami), sans argent (compte en banque gelé), sans emploi, il va tenter alors de savoir qui a émis cette fameuse lettre et pourquoi.

A première vue, le pitch de la série ne prête pas à rire. On imagine déjà l’intrigue façon vendetta personnelle. Dans un style brut et direct, plus Bourne que Numéro 6. Mais en situant la série à Miami, Matt Nix nous donne plusieurs indications. Dans l’inconscient collectif, Miami, c’est le soleil, la plage, les jolis filles en bikini, les mojitos et la salsa (les vieux et les belles villas aussi). On retrouve un  peu ce panorama dans Burn Notice. Dans une veine proche d’un Miami Vice. On utilise les codes visuels plus par simplicité que par hommage (quoique). Une sorte de juste milieu entre l’esthétisme filtré de CSI Miami et la grisaille made in Dexter (où la ville n’aura jamais été aussi morne et banal). Matt Nix nous informe que son show aura pour cadre cette vision superficielle (et récurrente) de Miami. Un peu à l’image de sa vision de l’espion. Avec ce choix, on a aussi l’impression de retrouver un feeling 80′s. Où les séries (comme le cinéma de cette époque) donnait dans l’artificielle, le faste, l’opulence (aussi synonyme de vide)… et la mécanique (Supercopter, Tonnerre Mécanique, K2000).

Le showrunner va introduire un dernier élément. Le plus important, car c’est lui qui va définir la série : Une voix off didactique. LA bonne idée de Matt Nix se joue là, précisément. Toute la relecture démystificatrice postmoderne de l’espion se situe dans cette voix off. Micheal Westen ne décrit pas l’action, mais nous donne des informations pratiques sur son métier. Où faut-il tirer sur un véhicule pour l’arrêter ? Comment modifier son téléphone portable pour en faire un microémetteur ? Toutes les occasions sont bonnes pour une petite explication de texte. Le show devient ludique. Une vraie petite leçon d’espionnage à la portée de (presque) tous. Soulignée par des encarts en court de diffusion en forme d’autopromotion « Vous aussi devenez un espion, avec Michael Westen ».

La réussite devient affaire d’équilibre. Savoir déjouer le côté sérieux/austère par l’utilisation du commentaire et proposer de vraies intrigues. La série adopte un format emprunté au Pretender (Le Caméléon en vf). Michael Westen propose ses services aux victimes d’injustices criminelles (pour le côté formule d’épisode en épisode), tout en enquêtant sur sa propre histoire (pour le fil rouge de la série). Avec en plus, ce petit soupçon de chasse à l’homme (seul contre tous). A la différence de Jarod, éternel héro solitaire, Michael est accompagné d’une ex, Fiona, (trafiquante d’arme, experte en explosive, jouant pour l’IRA), et d’un ancien collègue Sam (reconverti en Géo Trouv’tout et campé par le seul et unique Bruce Campbell). On pourrait ajouter une mère possessive et envahissante pour parfaire le tableau. Tout ce petit groupe assure la dynamique du show, vecteur de drames ou d’humour frontal.

Burn Notice est le prototype de la série estivale. Fun et ludique, mais plus intelligente qu’elle n’y paraît. Reposant sur une base solide (personnages, fond) et disposant d’intrigues à l’efficacité redoutable. Efficacité, un terme capable aussi bien de caractériser le show que son personnage principal et son acteur. Jeffrey Donovan (qui a aussi joué un caméléon dans la série du même nom) incarne à merveille Michael Westen. Son flegme souligne à la fois sa droiture, ses convictions (stéréotype de l’espion), et son sourire souligne une bonne dose d’ironie (stéréotype de la série). La parfaite combinaison.

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