Flash-back. Avec Die Hard (Piège de Cristal en vf), Bruce Willis et John McTiernan inventent un nouveau type de héro. Loin des versions bodybuildés façon Schwarzenegger, Stallone ou Van Dame. Sorte de monsieur-tout-le-monde capable de se sortir des pires emmerdes, suant sang et eau, mais avec le sourire et la punchline qui tue autant que toutes les armes qui lui passent sous la main. John McClane était né, et avec lui, toute une généalogie de héros cool, à la répartie précise et pointue.
Si le comic, sur lequel est basée la série, est publié bien avant le film de McT, il ne fait aucun doute que Johnathan E. Steinberg (écriture) et Mark Valley (interprète) se soient inspirés de Die Hard pour leur adaptation. Difficile de ne pas relever la filiation dès les premières images dans la banque. Christopher Chance apparait sûr de lui, n’éprouvant aucune peur face à une arme à feu ou des explosifs, provoquant l’homme armé par une série de remarque un peu acerbes quoique très drôles finalement. Tout est dans la capacité à inverser le rapport dominant/dominé (bien que dès le départ, on sait où se trouve le plus fort) usant de la déstabilisation par l’humour. Associé à de vraies compétences athlétiques dans le combat ou le maniement des armes, et l’on se trouve avec un agent de premier choix.
Le pitch de la série est élémentaire : une sorte de garde du corps 2.0 investit l’entourage de la personne ciblée afin d’être capable non seulement de prendre sa place devant le danger (l’aspect cible humaine du titre), mais également de déloger le coupable. Sec et sans fioritures, Human Target mise tout sur la personnalité de son premier rôle et un recours à l’action spectaculaire aussi souvent que possible. Le genre de série qui se suit avec plaisir, le cerveau en mode sommeil. Car il ne faudra pas être trop exigeant. Le show brode un canevas sans surprise, misant surtout sur un savoir faire technique et un peu de… chance, évidemment (sans jeu de mot).
Du cahier des charges, ce pilot coche à peu près chaque entrée. Présentation des personnages récurrents (les deux sidekicks, le ronchon patron, le psychopathe), l’ouverture explosive (la banque), la mission sauvetage de la belle blonde (Tricia Helfer), des gunfights, un combat à main nue (LA séquence de l’épisode, bien chorégraphiée, bien filmée) et une séquence d’action improbable (Mission : Impossible de Brian DePalma n’est pas très loin) . Un bilan pas très fin, mais jamais on a été trompé sur la marchandise. Malgré tout, il manque un petit quelque chose, d’indéfinissable, pour que l’ensemble prenne et que l’on sorte rassasié. On reste sur notre faim, un peu frustré. On pense alors à Burn Notice, qui fonctionne sur un principe de base similaire (la série d’action fun) et qui remplit son office. Ou encore la récente White Collar (dans un genre plus posé). Human Target repose encore trop sur un concept un peu léger, que son personnage principal ne parvient pas (encore ?) à transcender (pas aidé par des rôles secondaires caricaturaux).
Après la vague post-CSI et son hyperspécialisation policière (dont sont issus les Bones, Numb3rs, etc. …), la nouvelle vague replace le personnage au centre de l’histoire (House, The Mentalist, Castle, White Collar, Burn Notice,…). Human Target y ajoute l’action explosive (et un peu décérébrée). La recette nécessitera encore quelques ajustements, mais on ne doute pas qu’elle trouve son public. Parfait programme pour passer un bon moment sans trop réfléchir, elle ne devra pas oublier sa rigueur, au risque de passer du fun au désintérêt le plus total.
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