Royal Pains

Royal Pains

Un jeune médecin promis à un brillant avenir (Hank Lawson) choisit de s’occuper d’un adolescent dans un état critique au lieu du traitement post opératoire d’un richissime donateur, contre l’avis de sa hiérarchie. Non, l’adolescent ne va pas se transformer en tueur sociopathe, il n’est pas question de Monster (célèbre et immense manga de Naoki Urusawa). Royal Pains, créé Andrew Lechewski et John P. Rogers (deux petits nouveaux qui signent leur premier show) et diffusé sur USA Network ne verse pas dans le thriller, mais dans la série estivale type en exilant son docteur dans les Hamptons.

Pour bien aborder Royal Pains, il faut remettre le show dans le contexte de sa diffusion originale : la grille d’été. Saison un peu morte aux Etats-Unis, qui tend à ne plus le demeurer si l’on juge la multiplication de nouvelles séries cette année (2009). L’été, on ne reste (normalement) pas chez soi, on sort, on profite du soleil (ou pas) et si l’on doit regarder un programme à la télévision, on est plus souvent  attiré par une œuvre récréative que prise de tête. Royal Pains s’appuie sur cette étude pour justifier son existence. Et la chaîne USA Network l’a bien compris puisqu’elle a placé le show juste après Burn Notice (répondant aux mêmes critères avec néanmoins un peu plus de fond). Joli couplé gagnant qui réalise de très bons scores d’audience avec une moyenne de 6.5 millions de téléspectateurs.

La série jouit d’une ambiance « show de vacances » (et non, saga de l’été, nuance). Signe qui ne trompe pas, dans le pilot, la dépression d’Hank (Mark Feuerstein, The Hustler, The West Wing) est vue en mode accéléré. Pas le temps de se morfondre sur son désespoir, l’été n’attend pas. Propulsé dans les Hamptons par un frère fêtard et entreprenant, Hank découvre l’univers bourgeois de l’élite américaine. Si la crise occupe de plus en plus de place dans la fiction américaine, les riches fascinent toujours avec Gossip Girl en figure de proue. Et si l’on avait Dan Humphrey pour pénétrer l’univers de la jeunesse dorée new-yorkaise, c’est Hank qui nous servira de guide, en acceptant le job de docteur-concierge. Et sera entouré de son frère Evan (Paulo Constanzo, Joey) en responsable financier (il était comptable) et Diviya Katdare (Reshma Shetti) en associée.

Le concept de doc-concierge (pas d’équivalent chez nous) donne à la série le petit côté itinérant qui permet de visiter (et mettre en valeur)  les immenses villas qui composent les Hamptons. Course à la surenchère, où tout le monde (ou presque) cherche à avoir la plus grosse. Mais comme dans Gossip Girl, il s’agit aussi de savoir que les gens riches ont leurs problèmes (de santé ou autres), et que cela nécessite la plus grande discrétion (d’où le doc-concierge, qui soigne « hors » de l’hôpital). Les deux créateurs vont alors apposer un petit gimmick (en forme d’hommage ?) en faisant d’Hank le McGyver de la médecine. Le docteur est alors confronté à des cas simples (à une ou deux exceptions), mais devant lesquels il devra faire preuve d’inventivité pour pallier au manque de moyens. Improvisation permanente et bricolage sont la routine de doc-bidouille.

Royal Pains se veut léger et raisonnable. Le show ne tape pas sur les doigts. S’il lui arrive de critiquer cette richesse opulente et écœurante au détour d’un adolescent livré à lui-même par un père en perpétuel déplacement ou une riche mère control freak pour la future carrière de son fils, on reste sur un traitement poli, plus enclin à se moquer gentiment pour le bon mot ou la situation (une crevaison de silicone) qu’une réelle volonté de pointer du doigt cet univers permissif. Le contre pied le plus violent se trouve dans la nature même d’Hank. Homme droit dans ses baskets à l’éthique irréprochable, il jure dans un royaume pourri par l’argent. Il trouvera son homologue féminin (responsable des urgences locales, comprendre pour les gens d’en bas), copine de voiture avant de devenir copine tout court. Une romance gentillette qui jouera avec les attentes du spectateur (blasé par ce genre de procédé) en mettant l’impatience névrosé dans la bouche même de ses acteurs.

Il faut savoir apprécier Royal Pains à sa juste valeur : un programme estival bon à suivre les tongs au pied avant d’aller à la place (ou pas). Avec l’exigence au rabais, le show devient agréable et frais. Son personnage principal lisse et ses histoires de brico-médecine ne marqueront pas l’histoire de la télévision, mais fourniront un bon complément au planning en manque de shows.

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