C’est devenu un grief récurrent : quand allons-nous rencontrer la fameuse mère du titre ? Les critiques fleurissent sur le net. Impatience du spectateur qui souhaite voir l’intitulé du programme se réaliser. Contrairement à beaucoup (toutes ?) de sitcoms, How I Met Your Mother (HIMYM) propose un but bien défini. Quand son titre annonce la fin du show. Friends ne contenait aucune fin programmée, Seinfeld encore moins (tout le contraire). Et dans les sitcoms récentes, My Name Is Earl possédait un pitch « infini » (la fameuse liste sans fin), The Office US, 30 Rock ou The Big Bang Theory ne reposent sur aucun « concept ».
Seulement il faut se rendre à l’évidence. Face au succès que remporte la série, les créateurs ne vont pas dévoiler tout leur jeu. Rançon de la gloire, les voilà condamner à étirer leur série jusqu’à plus soif. Espérant que, tant que les blagues sont bonnes, la sitcom drôle, les spectateurs suivront. Voire, dans une vision à long terme, que leur intérêt pour cette mère se diluera au fil des saisons. Et arrivé à la cinquième, l’effet commence à se faire sentir très sérieusement.
On peut ajouter une autre raison à la disparition progressive du concept initial : le « hijacking » de la série par Barney. Ce n’est plus Ted, le centre de l’attention, le moteur du show. S’il reste le narrateur en voix off, c’est Barney qui domine, provoque l’addiction et entraîne, par défaut, l’aspect fédérateur. Effet d’autant plus flagrant dans cet épisode où il est (une nouvelle fois) le centre d’intérêt.
Redistribution des cartes. On retrouve Barney au centre, et les autres, en personnages (presque) secondaires. Lilly et Marshall sont mêmes devenus accessoires depuis leur mariage (une storyline de bouclée, en attendant la suite… le bébé ?). Barney est le terrain préféré des scénaristes (ou par obligation devant le succès rencontré par le personnage). Et ce « Playbook » représente la quintessence de ce travail. L’épisode, d’une simplicité redoutable, recense les coups, jeux, impostures du plus grand tombeur de ces dames. Déguisements ou gros mensonges, dans un traitement purement illustratif, presque didactique. Le personnage (et les scénaristes) regorgent d’inventivité, pour des jeux de rôles toujours plus improbables (et donc hilarants) qui se concluent sur une superbe mise en abîme, le dernier tour de piste comme un tour sui lui-même. Dommage qu’il manque à l’appel le coup du siècle, « l’homme du futur », issu d’une précédente saison.
Après une quatrième saison un peu décevante, un début de cinquième tiède, HIMYM retrouve de son énergie, sa dynamique, ses jeux de mis en scène, sa narration. Avec une histoire réduite à sa plus simple expression. Tous le registre comique est convoqué (situation, répétition,…) et le résultat fonctionne. Alors, on n’a toujours pas rencontré la mère. On en est même très loin. Mais on rigole, et c’est le principal, non ?
Lire également:
