How I met your mother

How I met your mother

La nouvelle Friends. Sitcom, amis, trentenaires, new-yorkais, romance… on croirait lire les tags de Friends. Difficile de passer après le mastodonte, phare de la sitcom des années 90 avec Seinfeld. La série créée par Craig Thomas et Carter Bays pousse le jeu des comparaisons dans ses retranchements. Quel sentiment masochiste peut pousser les deux créateurs à conjurer le deuil des fans en leur proposant un palliatif aussi soudain ?

La sitcom a longtemps été prisonnière de sa conception. Une forme de théâtre enregistré pour la télévision. Avec son univers en plateau, pièces récurrentes où se joue l’intégralité du show. Alors il a fallu abattre quelques murs et offrir le monde vivant à la sitcom pour lui redonner vie. Sex and the City, Curb Your Enthousiasm, Arrested Developpement ou My name is Earl partent de ce principe. Donner à la sitcom une nouvelle identité visuelle basée sur le mouvement. D’autres ont choisi un axe différent. Jouer avec la narration. Les sages flash-back de Samantha Who ? et surtout How I Met Your Mother (HIMYM) qui pourrait être un peu le Lost de la sitcom (en moins nébuleux).

HIMYM est un immense work in progress. Une œuvre qui se monte pièce par pièce en fonction des souvenirs de Ted. Sorte de trajet narratif dans le passé, fait de détours, de retours, d’avance rapide et de déplacements latéraux. Si une ligne continue constitue l’axe principal du show (la rencontre avec sa future femme, mère de ses enfants), HYMYM se déploie comme un arbre aux vastes et infinies branches. Parce que la mémoire fonctionne ainsi, les souvenirs profitent parfois d’une situation pour en raconter une autre, et une autre, etc.… Ce qui confère à la série son identité remarquable, fait de petits ou grands développements, d’histoires racontées plusieurs fois selon un point de vue différent, de teasing (la série en est un immense), de manipulations temporelles.

Le show ne se repose pas uniquement sur ce traitement narratif en poupée gigogne. Thomas et Bays ont constitué un petit groupe d’amis pour donner libre court à leur imagination. Ted, héro romantique et idéaliste, Mashall gros nounours marié à Lily la tigresse, Robin, canadienne passionnée d’arme à feu et ancienne célébrité pop locale. Enfin le dernier, peut-être une des plus belles créations comique de ces dernières années, qui possède déjà son culte (site internet, livres dédiés, pastiches…) : Barney Stinson. Rien que pour lui, la série mérite d’être regardée. Auteur de punchlines mémorables (legend… wait for it… dary, suit up, have you met ted ?), homme à femme, macho, il incarne une forme pure de tous les travers masculins, mais avec une classe folle et un humour décapant. La fascination qu’il exerce abolit tout sentiments de dégoût, son imagination pour conquérir des coups d’un soir dépasse de loin l’entendement (le vieil homme du futur est incroyable). Son appartement respire l’être superficiel et éternel célibataire (collection de porn movies, un seul oreiller, gimmicks mâles…) et surtout, il profite du jeu de Neil Patrick Harris (Dr Horrible’s Sing Alone Blog).

Quelle est l’importance de la trame principale dans HIMYM ? Assez pauvre visiblement. Elle sert avant tout de prétexte. Amorcer un souvenir, poser un contexte, une façon d’entamer une nouvelle histoire. Un peu à l’image de la liste infinie d’Earl dans la série du même nom. Les deux auteurs profitent de ces évadées nostalgiques dans la psyché paternelle pour relater quelques blagues potaches et narrer les aventures d’une poignée d’amis à New-York. Discours sur la difficulté de trouver la femme idéale, ou celle de construire sa vie. Si la série peut gagner une forme de mélancolie par le prisme du passé, le rire immédiat des situations est préféré à cette intonation.

Depuis quatre saisons, on se demande comment Ted a rencontré la mère de ses enfants. Cette question requiert tellement peu d’importance, que l’on se demande si les auteurs tiennent vraiment à répondre. Si la venue de cette rencontre pose le terme de la série, il ne faudrait pas diluer le suspense dans des intrigues à rallonge et à l’intérêt discret, pour prolonger artificiellement le show. On a pu noter une baisse de qualité lors de la troisième et quatrième saison (en cours concernant cette dernière), mais l’ensemble tient encore la route. Assez pour que l’on continue à rire devant ces souvenirs et ces personnages.

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  1. How I Met Your Mother 05×12 : Girls vs. Suits (100ème)
  2. How I Met Your Mother 05×21 : Twin Beds
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