Si cette rentrée 2009/2010 n’a pas été riche en sensation, on peut toujours se féliciter de quelques réussites discrètes. Pas de grande révolution cette année. Plutôt un refuge vers certaines valeurs sûres. The Good Wife fait partie de ces séries qui n’ambitionnent pas de révolutionner le genre, mais voue une conviction sans limite dans un classicisme qui a fait ses preuves.
De classicisme, on retiendra aussi l’aspect « classe ». Léché, mais non esthétisé. Sobre, élégant, jusque dans ses moindres détails. Un très beau travail de composition/réalisation qui ne se voit pas. De ses mouvements de caméra à ses moindres champs/contrechamps, la série possède un cachet immédiatement gracieux. A l’image de son héroïne. Coincée dans des tailleurs stricts, autoritaires, sans pour autant masquer sa féminité. Un schéma que l’on retrouve également chez Kalinda (sexy et incendiaire, juste ce qu’il faut, tout en maintenant un certain standing lié à sa profession).
La sobriété, on la retrouve également dans le traitement narratif. Travaillé sur la longueur, muselée (dans le bon sens du terme), elle repose sur un rythme lent, avec une croyance indéfectible sur sa capacité à entraîner l’addiction (confirmée par les excellents chiffres d’audience jusqu’à présent). Loin de l’hystérisation ambiante, chaque révélation ne s’accompagne pas d’effets tonitruants façon « coup de théâtre ». Comme dans une partie d’échec, les coups importants se savourent, se méritent et leurs répercussions ne sont pas (toujours) immédiates. Et l’on peut apprécier, du haut de ces neuf premiers épisodes, la progression d’un récit qui a su prendre son temps pour nous amener dans une position attendue, mais qui s’avère toujours aussi fascinante.
Au cœur de la série, la relation entre Alicia et l’effet médiatique de la condamnation de son mari. Dans Threesome, on y découvre l’aspect le plus humiliant pour l’héroïne, quand la call girl du scandale prend la parole. Talk Show issu de la trash tv, livre en cours de publication, on surfe toujours sur la vague de l’affaire Clinton/Lewinsky. Les auteurs ont l’intelligence d’utiliser les enfants pour ce genre d’évènement. Car si l’on se concentre avant tout sur Alicia, son travail, sa gestion de la crise ; les enfants sont l’instrument préféré des scénaristes pour introduire des éléments liés au scandale (voir dans cet épisode, la récupération odieuse de l’annonce d’un éventuel divorce). L’épisode s’achève sur une autre information importante. Au détour de « l’affaire de la semaine », la révélation d’un piège dont est victime l’ancien District Attorney.
Une telle évolution n’est pas innocente, ni même facile. Elle s’accorde, au contraire, au titre de la série. Car il aurait été beaucoup plus facile pour Alicia de maudire (et divorcer) son mari en le sachant coupable de toutes les accusations (détournements de fonds,…). En faisant de lui un innocent, une victime, Alicia peut éprouver une nouvelle proximité, qui vient nourrir, sous une forme contradictoire, la colère à l’idée de le savoir coupable d’adultère. La question du pardon s’affiche dans toute sa complexité. Peter Florick y gagne en substance, silhouette trouble qui navigue entre deux eaux (victime d’un coup monté, mais n’est-il pas coupable d’autres malversations ?).
Au terme de neuf épisodes, The Good Wife a exploité son thème de la plus belle des manières. Suivant le cours d’une évolution tout en subtilité. On pense à Damages avec une structure beaucoup plus classique. Seulement cette absence d’expérimentations narratives lui apporte une clarté immédiate et l’assurance d’une série qui n’a pas à se cacher derrière quelques apparats accessoires. Seule ombre au tableau : la postérité retiendra plus facilement Damages pour son audace (éphémère quand on voit la catastrophique seconde saison) que The Good Wife pour sa dévotion à une formule normée.
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