Malgré des efforts visibles, la greffe ne prend toujours pas. The Bank Job incarne cette tendance.
Tout se joue dans sa construction. Avec une introduction en forme de teasing qui se termine sur Kensi, allongée sur le sol d’une banque, trois balles dans le corps. Ce principe popularisé par Alias joue sur les attentes du spectateur (comment ? Pourquoi ?) et entretient le suspense (et après ?). On laisse ainsi mariner le public avec une information traumatique (la mort éventuelle d’un personnage), plutôt que de jouer sur le caractère brutal de cet évènement. D’un point de vue marketing, le spectateur est moins tenté de zapper avec un tel procédé. En résumé, on tient une sorte de concept quasi-parfait.
Pourtant, il ne fonctionne pas. A aucun moment. On nous a déjà fait le coup peu de temps auparavant avec l’enlèvement de Dominic Vail. Sans l’introduction teaser en flash-forward. A si peu de temps d’intervalle, on voit mal la production se séparer de deux personnages principaux. Mais, laissons le bénéfice du doute, quand NCIS n’a pas hésité à supprimer Kate. Tout l’épisode va tourner autour de Kensi. Carton d’objets sentimentaux, trauma sur la mort (non résolue) de son père, on met en valeur le personnage, on habille l’épisode de son histoire. Dans une forme qui oscille entre rapport iconique et éloge mortuaire. Ce sont ces signaux grossiers, voyants, qui suppriment les doutes possibles. Aussi peu subtiles, ces informations précipitent la surprise vers l’évaporation et finissent par produire le contraire de l’effet escompté. Confirmation plus tard dans l’épisode, quand tout était un coup monté.
Cet acte manqué résume bien la série jusqu’à présent. Quand on sent une envie de bien faire (peut-être trop), mais que le résultat ne possède aucune âme. Il n’y a rien qui distingue NCIS LA. Juste une série policière lambda, dans le milieu militaire, avec des personnages sans consistances et des scénarii sans idées. Le show se repose sur la réussite contagieuse de sa grande sœur (les chiffres ne trompent pas, NCIS LA est un hit de CBS). Elle ne propose aucune « recette ». Cette réflexion autour du genre qui a donné naissance aux CSI, NCIS ou Mentalist (pour reprendre ses plus gros succès). Avec NCIS LA, on reste dans l’exploitation basique d’une franchise. Et ce ne sont pas les petits carrés pixélisés du générique qui suffiront à sa modernité.
The Bank Job repose sur un concept qui a fait ses preuves, mais la tonalité générale de la série a joué contre lui. Effort scénaristique parasité par la pauvreté ambitieuse qui caractérise le show, la forme ne prend pas à cause du fond et un traitement un peu maladroit et surligné. Il faut dire que la subtilité n’a jamais été une qualité applicable à la série. Et si l’épisode de l’enlèvement de l’agent Vail apporta enfin un peu de consistance, la suite reste comme gangrénée par les dérives du show. A l’image de cet épisode, dont la mort factice d’un personnage sentait la supercherie évidente.
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