NCIS

NCIS

Spin-of de JAG (pour Judge Advocat General) qui invitait le procedural dans le monde exclusif des militaires, NCIS (pour Naval Criminal Investigative Service) est sa version formula cop show, avec, comme son sigle l’indique (enfin, pour les dyslexiques nous apprend-on dans le pilot), une approche scientifique. Amorcée pendant la huitième saison de JAG (08×20 : Ice Queen et 08×21 : Meltown), la série, toujours produite par Donald P. Bellisario (Magnum, Code Quantum), est lancée à la rentrée 2003 sur CBS.

La filiation CSI/NCIS, évidente, place la seconde en petit frère de la première. Mais un petit frère mal élevé, qui s’amuse à chahuter l’ainé. La tourne en dérision dès le pilot et affiche son caractère insolent comme marque de fabrique. Si Bellisario surfe sur la vague du succès déclenchée par la production de Bruckheimer, il démarque sa nouvelle création en jouant à fond la carte de l’humour. Et tant pis, si les exigences et rigueurs caractéristiques du milieu scientifique et militaire ne sont pas respectés. Une orientation pas innocente, si l’on imagine l’austérité professionnel de CSI dans la structure raide et coincé du monde militaire. Coup double, le producteur place ainsi son show loin des lourds héritages de CSI et de JAG.

Parvenir à ce résultat, tient du travail d’alchimiste. Dosage précis où les ingrédients ne doivent jamais prendre le pas sur l’autre. On retrouve donc la figure militaire type, Leroy Jethro Gibbs (Mark Harmon, Chicago Hope). De la coupe de cheveu à la situation familiale (divorcé trois fois), tout respire ce caractère dur mais juste, exigeant et pince sans rire. Sous ses ordres, l’équipe est composée du Special Agent Anthony DiNozzo (Michael Weatherly, Dark Angel), ancien flic dont la personnalité semble calquée sur Remington Steel (influences cinématographiques permanentes, gaffeurs mais professionnel), la caution humoristique du show ; Special Agent Timothy McGee (Sean Murray, JAG), le bleu et geek de l’équipe ; Agent Caitlin « Kate » Todd (Sasha Alexander, Dawson’s Creek), ancienne agent secret, son duo avec DiNozzo créé la tension sexuelle (romance et humour, le cocktail parfait). A côté de la team aux personnalités bien tranchées, on retrouve le médecin légiste Donald « Ducky » Mallard (David McCallum, Des Agents Très Spéciaux), son assistant Jimmy Palmer (Brian Dietzen). Du coté de la science, c’est l’irrésistible experte gothique Abby Sciuto (Pauley Perrette, JAG) qui s’occupe du laboratoire d’analyses et autres recherches technologiques. Au cours des saisons, le casting s’étoffera de la présence d’un agent du Mossad (à partir de la saison 03), Ziva David (Cote De Pablo, The Jury), et verront deux directeurs se succéder : Jenny Shepard (Lauren Holly, Chicago Hope, Picket Fences) et Leon Vance (Rocky Caroll, Chicago Hope).

Gigantesque récréation dans les relations entre les personnages, le show reste sérieux quand il s’agit d’aborder le terrorisme, spécialement celui du Moyen-Orient. Les allusions à Al Qaeda sont (très, trop ?) nombreuses dans les premières saisons, pour se diluer par la suite dans des enquêtes moins ambitieuses, plus intimistes. Le show n’évite pas certains tics manichéistes, mais ne sombre jamais dans le patriotisme à sens unique. Il s’agit plus de glorifier « l’esprit militaire », la solidarité (et ses limites) dans son mantra « Semper Fidelis » (ou Semper Fi, Toujours Fidèle), qu’une valorisation de ses forces dirigeantes. La série place son point de vue à hauteur de soldat, donnant à la hiérarchie, le mauvais rôle. A l’image de Gibbs, dont les valeurs pro-militaires ne font aucun doute, mais qui développe une allergie à toutes formes d’autorité directe. Et son équipe, composée de non-militaire (à l’exception de McGee), pointera souvent l’absurdité de certaines situations.

Le piège de NCIS tient dans la réception de son public et son caractère uniforme qui ne pardonne pas. Prendre le show au premier degré, très sérieux, est synonyme de catastrophe. Encore marqué par l’approche de CSI, on ne comprend pas les allusions ou débordements comiques. Dans un univers aussi étroit et non permissif, les frasques de DiNozzo et McGee, Gibbs et ses tapes derrière la tête, jusqu’à l’apparence et le comportement d’Abby, on respire la grande foire. Où le médecin légiste tient la conversation avec le mort et ne manque pas une occasion de raconter une anecdote historique en rapport avec le contexte du crime (cause de la mort, position du cadavre, emplacement…). Ces ajouts contre-nature constituent l’épine dorsale de la série. Dédramatiser le milieu militaire, policier, scientifique permet d’oxygéner un climat par défaut étouffant. Les personnages gagnent en humanité (les voir confronter aux « robots militaires » permet de situer l’énorme fossé qui les sépare). Une recette que connait parfaitement Bellisario puisqu’elle est au cœur de Magnum ou Code Quantum. User de l’humour pour créer une atmosphère décontractée et désamorcer ce système par des fulgurances dramatiques mettant les personnages principaux au cœur du cyclone. L’effet est garanti.

Au terme de sa sixième saison (2008/2009), la série est plus en forme que jamais. Réalisant ses meilleurs scores d’audience depuis sa création : seconde meilleure moyenne de la saison (17.75 millions) et un épisode dans le top 10 des meilleures audiences (06×11 : Silent Night avec 19.94 millions). Cette saison marque aussi le lancement d’un nouveau spin of, NCIS : LA (06×22 – 06×23 : Legend). Une réussite que l’on peut mettre sur le compte de Bellisario, vieux routiers de la télévision qui aura su combiner ses aspirations personnelles à la mode 00’s.

Lire également:

  1. NCIS : LA 01×01 : Identity
  2. NCIS : LA 01×15 : The Bank Job
  3. NCIS : Flash-forward