How to Make it in America 01×01 : Pilot

How to Make it in America 01×01 : Pilot

Le rêve américain. Cette jolie carotte que l’on a remuée devant le visage de chacun. Promesse de réussite aussitôt le pied posé en Amérique. Aujourd’hui, ce rêve tient plus du mythe. Et la récente Crise financière a fini d’écailler cette belle utopie. Une série a déjà servi d’hôte à cette récente situation. Traversée par la rencontre du rêve et de la sinistre réalité, Hung (HBO) a enterré cette croyance populaire sous une ambiance anxiogène, et associe le mythe au plus vieux métier du monde. Quand plus rien ne possède de valeur, il ne reste que son corps pour faire la différence.

Avec son titre qui marie didactisme et optimisme, How to Make it in America (HTMIIA) entend utiliser un angle opposé. Et réhabilite la pensée que tout le monde peut réussir. Ode à la débrouille, aux petites combines, la nouvelle production d’HBO plonge deux jeunes newyorkais dans l’univers branché de la mode, par la petite porte. Celle où l’on survit au jour le jour, avec à l’horizon la perspective de créer son propre empire du jean. Celle qui se déroule dans la rue. HTMIIA est une série urbaine. Comprendre que New-York y joue une figure centrale, mais que l’on observe au niveau du bitume, des trottoirs ou des galeries d’expositions branchées et quelques appartements luxueux. Il s’agit moins de montrer le monde cosmopolite de la ville, que de prendre son pouls, et vivre au rythme citadin.

Tout ce travail sur l’ambiance se retrouve dans les images du générique. A l’heure des drastiques réductions (le titre de la série sur un accord de musique) pour maximiser le temps d’antenne, HBO laisse toujours autant de place à ce qui participe à l’identité du show. Dernièrement, Hung et Bored to Death offraient de charmantes et conceptuelles petites minutes de bonheur, très inspirées, et que l’on savoure épisode après épisode. Dans une veine similaire à True Blood (apposition d’images, de plans sans rapport narratifs constituant un tout, souligné par une chanson très à propos), HTMIIA propose un petit bijou interprété par Aloe Blacc (« I Need a Dollar »). Fragments citadin d’une réalité quotidienne, vignettes brèves mais qui parviennent en un peu plus d’une minute à créer une ambiance, un contexte, un rapport vériste.

La série possède ce ton, ce rythme que l’on ne trouve que sur le câble américain. Sans exigence publicitaire, sans ce découpage en acte, on subit une cadence peu soutenue sans pour autant œuvrer dans le contemplatif. Comme une adaptation au quotidien des deux personnages principaux. Cette façon de mettre en scène « la réalité » impose un rapport à la fois complice et distancé. Leur histoire est passionnante (bien que très ordinaire), mais on se sent très peu concerné par le microcosme exposé. On est assis dans la position de l’observateur attentif. Au centre d’enjeux très personnels, d’une histoire de réussites individuelles. Se dégage le charme un peu naïf des débutants, des idéalistes, qui se voient en haut de l’échelle sociale, alors qu’ils sont en train de lutter pour payer le loyer ou vivent encore chez leur mère.

En voyant le New-York de Bored to Death, on pensait à Woody Allen. HTMIIA rappellera celui de Spike Lee. Cette façon de croquer la ville, de filmer ses petits rituels, sa vie, son mouvement, sa respiration. De planter sa caméra sur les trottoirs, de capter ses habitants, une vision citadine sans ornement, sans d’autre esthétisme que celui qui saute aux yeux. New-York, dans toute sa photogénie, sa cinégénie. Dans ce pilot, How to Make it in America réconcilie le rêve américain à l’actualité, en lui offrant cet élan enthousiaste par l’intermédiaire de ses personnages. Une bouffée d’air frais, que l’on respire à plein poumon.

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