Showtime invite le performer anglais Marc Woottom à prendre possession d’un show. Inspiré de précédents travaux du comédien comme d’autres séries de la perfide Albion, La La land se veut une satire d’Hollywood, dans laquelle Woottom incarne trois rôles. Au programme, un réalisateur de documentaire, un medium escroc et un jeune acteur tentant d’accomplir le rêve de sa mère. Woottom joue les transformistes pour l’occasion et tente de donner vie à cette comédie un peu autre.
Dans le paysage américain, cette nouvelle production possède un caractère « otniesque » (objet télévisuel non identifié). Il faut chercher les influences en Angleterre chez Sasha Baron Cohen et ses créations (Ali G Show et Borat). Seulement ce pilot paraît bien inoffensif comparé aux délires du comique anglais. Fond inexistant, humour lourdaud, La La Land est un catalogue de situations pas drôles, illustrées platement. Le ton se veut naturaliste, sans pour autant verser dans la mode du mockumentary (c’est tout à son honneur, mais la série y aurait pourtant gagné en force comique). Chaque personnage incarnant une variation du looser, le trait devient trop forcé, grossier, redondant. Il aurait fallu offrir une réelle variation autour de cette figure mainte fois adaptée. Du trio, seul le documentariste tire son épingle du jeu, personnage le moins caricatural, qui, avec un peu de travail, passerait pour un Michael Moore du pauvre.
Malgré des origines différentes, on se met à penser à Steve Carell ou Will Farrell, les deux acteurs officiant dans un registre similaire. Les deux hommes maîtrisent l’art du déguisement ainsi que la capacité à jouer les idiots. Avec autrement plus de classe (ironiquement) et surtout, à suggérer une forme de tendresse naturelle pour leur incarnation. Steve Carell, avec son personnage de Michael Scott (The Office) offre un des plus beaux et pertinents exemples. Marc Woottom verse dans l’arrogance systématique, le type détestable. Un registre trop uniforme qui se décline de personnages en personnages, sans apporter de réelle variation. Quelques situations forcent le sourire, mais dans l’ensemble, ce pilot se regarde avec ennui.
On regrette que le dispositif du transformisme n’ait pas d’incidence sur la série elle-même. En l’état, le show est un simple véhicule pour son acteur au même titre que les derniers films d’Eddy Murphy (comparaison peu flatteuse). La force de Borat était de jouer entre réalité des situations et l’artificialité du personnage. Sans entretenir une forme similaire, La La Land aurait pu jouer avec cet anglais venu affronter Hollywood en multipliant les angles d’attaque (l’acteur, le réalisateur, le performer). Las, on a l’impression de voir un comédien jouer un cintre, porte costume pour des caricatures peu drôles et sans fond.
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