Ricky Gervais et Stephen Merchant peuvent se vanter, avec leur création The Office, d’avoir enfanté une belle descendance. Adaptations nationales (The Office pour les USA, Le Bureau pour la France), une déclinaison officielle (Park & Recreation d’abord annoncé comme un spin off) et aujourd’hui, la première déclinaison officieuse : Modern Family.
Même usage de la caméra, utilisation de confessions/interviews face caméra pour orchestrer un mockumentary dans les sphères familiales. Trois portraits constituent la matière première de cette nouvelle sitcom. Et les auteurs (Christopher Lloyd et Steve Levitan) de convier les fans de The Office dans cette description de familles pas comme les autres.
On pourrait reprocher aux deux hommes de nous servir un plat réchauffé et plus de toute fraîcheur. Flagrant délit de fainéantise où l’on sert une nouvelle fournée de The Office bis en usant d’une valeur ajoutée pour éviter l’accusation de plagiat. Transposition de l’univers professionnel vers celui de la famille. Autre nid de conflits divers et petites contrariétés. Autre berceau culturel pour prendre le pouls d’un pays. Et malgré toutes les réserves, malgré les facilités, le résultat fonctionne très bien. Où sans être hilarante, la sitcom développe son humour avec une efficacité redoutable, porté par des comédiens au diapason et à l’alchimie convaincante.
Pour faire les présentations, on trouve donc Clair, Phil et leurs trois enfants. Elle, ancienne adolescente explosive qui « paye » aujourd’hui les conséquences d’une existence excessive, lui, prototype du père buddy, sans autorité, immature et gaffeur. Jay et Gloria : l’homme trop mûr marié (seconde fois) avec une latino trop jeune (avec un enfant dans la besace). Enfin Mitchell et Cameron, couple homosexuel, qui viennent d’adopter une petite vietnamienne. Les auteurs jouent ainsi avec les stéréotypes pour développer le registre comique. Et force est d’admettre que la forme se marie très bien avec cette utilisation. Des confessions/interviews aux faits volés par la caméra, l’humour fonctionne naturellement. Les scénaristes profitent de toutes les situations, de la nature de leurs personnages et de cette liberté dans la réalisation.
En utilisant ces trois familles, on devine la volonté des auteurs de jouer avec les codes, archétypes, stéréotypes, de faire de ces familles modernes un terrain d’études sous couvert d’humour pour mieux faire passer son message. De cette construction en segment qui se rejoignent sur la fin pour un final succulent (la présentation sur fond du Roi Lion, effet garanti). Connivences et confrontation dans une grande célébration. On ne choisit pas sa famille, mais elle demeure le terreau fertile pour tout penchant comique.
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