L’année dernière, à peu près à la même époque, Defying Gravity était vendue comme étant un Grey’s Anatomy dans l’espace. Une ligne commerciale qui tentait de définir un aspect du show, aussi bien que rameuter le client. Après vision de l’unique saison, la comparaison pouvait paraître un peu frauduleuse et le résultat, au-delà de la filiation ou non, s’avérait catastrophique.
Cette année, une autre série estivale use du même procédé pour se vendre. Et si l’on a pu voir que le pilot pour l’instant, on n’imagine pas une seule seconde la comparaison infondée. A ce niveau de mimétisme, le jeu ne consiste plus à suivre des personnages, un contexte, un point de départ (chose qu’un pilot normalement constitué cherche à établir), mais à jouer au jeu des ressemblances (pour l’image, on aurait bien choisi celui des sept erreurs, mais il n’est pas certains que l’on puisse en trouver autant).
Si l’on devait résumer en quelques mots Grey’s Anatomy, on parlerait de « romances dans un milieu professionnel, à savoir, un hôpital ». On mentionne ainsi l’aspect soap fondamental et celui médical, pas accessoire, mais au second plan. Pour Rookie Blue, la base est identique. On troc l’hôpital pour un commissariat de police, et nos internes, par des apprentis policier. Elémentaire, au point de se demander pourquoi personne n’y a pensé avant ?!
Ce pilot pose un problème d’appréciation : comment doit-on (peut-on) le critiquer ? Elle assume avec une rare intensité son rôle de copie carbone qu’elle file, comme une anguille, entre les mains du critique. Série mercantile, sacrifiant son originalité vers une confortable assurance (payante, comme le show a déjà été renouvelée par ABC pour une seconde saison) ? Ou objet conceptuel qui cherche à reproduire une recette pour témoigner d’une dégénérescence consanguine qui plane sur l’industrie des networks ? Que l’on rassure, la part contestatrice est purement fortuite et involontaire, mais elle existe malgré elle. Rookie Blue devient une série de commerciaux. Il n’existe aucune notion d’auteur, de recherche, de création derrière le show. C’est un produit, conçu pour fonctionner. Seulement dans ce cas particulier, le plagiat guette.
On ne va pas passer en revue toutes les similarités entre les deux shows, tellement elles sont nombreuses, aussi bien en fait (le trauma familiale de « l’héroïne » lié à sa profession et au lieu-même de son travail, la voix off, la caractérisation,…) qu’en terme d’ambiance générale. Sorte de Grey’s Anatomy en mode miroir. L’idée, à la base, n’est pourtant pas mauvaise (en France, cela donne Les Bleus), mais pourquoi s’encombrer, non pas d’une filiation (l’hérédité est artificielle), mais d’un clonage aussi grossier ? Certaines lois sont, parait-il, impénétrables, celles régies par les intérêts financiers ne le sont que trop peu, au détriment des créatives muselées et sans voix au chapitre.
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